Par Dimitris Konstantakopoulos
« C’étaient des temps étranges. Très peu de gens rationnels et quelques politiciens excentriques croyaient que la guerre pouvait être indéfiniment reportée. Les abris dans les parcs et les masques anti-asphyxie n’étaient pas seulement pour la montre. Pourtant, tout le monde, même les réfugiés les plus éprouvés, jouait les optimistes. »
—Description de la vie dans le Paris d’avant-guerre, tirée de l’Autobiographie d’Eric Ambler.
En lisant notre titre, de nombreux lecteurs se demanderont peut-être quel lien il peut y avoir entre ce qui se passe actuellement à Gaza ou en Cisjordanie et les événements en Ukraine, en Azerbaïdjan ou à Taïwan, sans parler de l’avenir des BRICS ou du risque de guerre nucléaire en Europe. À première vue, ces événements semblent largement déconnectés.
Andreas Papandreou, ancien Premier ministre grec et excellent analyste des affaires mondiales, disait souvent : « Nous partons du général pour arriver au particulier. » Dans cet article, nous tenterons de montrer, dans la mesure du possible, que tous ces phénomènes, et d’autres encore, sont des manifestations interconnectées d’un phénomène fondamental, parfaitement logique et attendu : les efforts des classes dominantes du capitalisme mondial et de l’Occident collectif, l’Empire du Capital Financier et des armes américaines, dirigé par Israël, divers lobbies sionistes et les États-Unis, pour préserver leur position hégémonique sur la planète. Nous tenterons également de démontrer que ce qui se passera maintenant, en août, en Palestine, pourrait avoir des conséquences décisives pour le monde entier.
Car, malheureusement, il est très probable que M. Netanyahu profitera, comme il l’a déjà fait, de l’accalmie estivale pour intensifier ses pratiques génocidaires à Gaza https://www.
Si l’on n’analyse pas les forces sociales derrière les différents leaders politiques et les forces politiques internationales, mais que l’on se contente de s’arrêter sur une déclaration isolée d’un politicien comme Netanyahu ou Trump, non seulement on ne peut pas analyser ni prévoir les événements, mais on risque aussi de tomber dans des illusions dangereuses et des campagnes de désinformation. C’est ce qui est arrivé, par exemple, à la direction soviétique en 1939-41, faillant mener à la défaite de l’URSS, et dans les années 1980, aboutissant finalement à sa dissolution. Nous imaginons, bien sûr, qu’aujourd’hui, les dirigeants russes et chinois, avec leur immense expérience historique, sont bien plus sages que par le passé.
Le rôle mondial d’Israël
Un ami avec qui je débattais récemment a passé deux heures à essayer de me convaincre de la bienveillance des dirigeants israéliens envers Moscou et Pékin. Il était particulièrement impressionné par le fait qu’Israël vende à la Chine divers produits de défense dont les États-Unis interdisent l’exportation. Nous avons discuté de nombreux sujets, de l’attaque de Saakachvili (dont deux ministres avaient la nationalité israélienne) contre les forces russes en Ossétie du Sud, à l’armement du bataillon Azov par Israël et son rôle dans la liquidation du Haut-Karabakh, une opération s’inscrivant dans le plan de la Turquie, membre de l’OTAN, pour ouvrir un corridor vers la mer Caspienne et l’Asie centrale.
Mais ce qui l’a finalement convaincu que j’avais raison, c’est l’argument suivant :
Ce que nous avons appris du génocide
Pendant deux ans, nous avons constaté qu’Israël était capable de mener une opération massive de nettoyage ethnique, évoluant en génocide, sous les yeux de l’humanité entière, non seulement sans être inquiété, mais en étant soutenu par des armes, de l’argent et un appui politico-diplomatique de « l’Occident collectif ».
Aucune autre grande puissance, pas même les États-Unis, la Russie ou la Chine, ne pourrait agir ainsi sans subir de graves conséquences politiques.
À l’inverse, une puissance qui agit de manière aussi ostentatoire mise profondément sur la transformation du monde entier dans une direction néo-fasciste et totalitaire.
La capacité d’Israël à agir ainsi ne s’explique que par son soutien inconditionnel du véritable centre du pouvoir mondial : le Capital financier international. Qu’il puisse le faire malgré l’opinion publique montre aussi les progrès immenses du totalitarisme dans nos soi-disant démocraties.
Alors qu’au Moyen-Orient, Israël utilise des méthodes des « Assassins » https://fr.wikipedia.org/wiki/
Tel est le contrôle des Etats – Unis par Israël que Kamala Harris a perdu l’élection parce qu’elle a refusé de prendre ses distances, même minimales, avec lui, aliénant une masse critique d’électeurs démocrates dans les États décisifs. Quant à Trump, il n’a pas fallu quatre mois pour qu’il prouve, en attaquant l’Iran, qu’il n’est qu’une marionnette de Netanyahu—le cheval que l’Empereur a couronné roi Incitatus — Wikipédia.
En Europe, même schéma. Peu après l’attaque non provoquée d’Israël et des États-Unis contre l’Iran, les prétendus dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne ont menacé Téhéran—la victime—de sanctions.
Cela peut sembler exagéré, mais trouvez-moi ne serait-ce qu’un événement mineur contredisant l’image que la grande majorité de la classe politique occidentale, en tant qu’employés du Capital financier, sont aussi des employés de Netanyahu.
À la lumière de ce qui précède, on comprend qu’Israël n’est que la partie visible d’un « iceberg » —un Empire de l’Argent invisible mais extrêmement puissant, au centre du pouvoir mondial. Seul cela peut expliquer ses actions.
Mais c’est précisément ce centre—l’Empire du Finance mondial—qui ne peut tolérer l’émergence de pôles rivaux dotés d’un pouvoir important et d’une relative indépendance, comme la Russie, la Chine, l’Iran et d’autres forces du Sud. Il ne supporte pas la moindre indépendance européenne, encore moins les droits démocratiques et sociaux des classes populaires en Occident même.
C’est ce centre qui promeut aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies, un nouveau totalitarisme qui fera paraître les anciens régimes totalitaires comme de l’alchimie face à la chimie moderne. Et c’est ce centre qui, malgré des divergences tactiques, expérimente ou planifie la violence militaire contre ses rivaux.
Nous avons jugé cette introduction nécessaire pour développer, dans un prochain article, notre analyse de la situation en Palestine et ses conséquences mondiales potentielles.
Traduit du grec par Christian Haccuria
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