Small is beautiful

La victoire du Larzac pose les bases d’un nouveau syndicalisme paysan. Il est local, ancré, territorialisé. Exit le productivisme et ses corollaires destructeurs. La confédération paysanne va changer la donne. Paysans de tous les pays unissez-vous ! José Bové s’internationalise.

On change de paradigme. Regarder, imaginer et pensez l’agriculture autrement, s’attaquer à la vision PAC, la politique agricole commune, à celle du GATT, l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce de cette agriculture, tel est l’objectif du nouveau syndicalisme paysan « en rupture avec le modèle dominant » que José Bové appelle de ses vœux avec pour mot d’ordre, « Small is beautiful ».

” Le social a créé de l’économie “

1987. La confédération paysanne est née. Montredon où José Bové s’est définitivement installé devient un laboratoire d’idées et un lieu d’expérimentation d’autres façons de faire. Les circuits courts apparaissent. De nouveaux outils y sont inventés par une nouvelle génération de paysans. José Bové et ses camarades du Larzac créent toute une batterie d’outils économiques grâce à leur mouvement social. Le célèbre plateau devenait laboratoire. « Ce n’est pas l’activité économique qui a créé du social, c’est le social qui a créé l’économie parce que les gens voulaient, en s’installant ici, pouvoir participer à ce qui se faisait sur le plateau et donc ils ont inventé les outils qui permettaient de le faire. » explique José Bové. Le nouveau paradigme s’incarne désormais dans « penser global, agir local ».

“La globalisation rentre dans l’assiette des gens trois fois par jour”

Avec Attac, l‘association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne, une organisation altermondialiste présente dans une quarantaine de pays, l’expérience Larzac s’internationalise. Hommes politiques, associations, syndicalistes, simples citoyens, désabusés de 68, des grands soirs et des lendemains qui chantent, scientifiques, juristes, sociologues, économistes y participent pour poser les bases d’une autre vision du monde, les prémices sans doute de la génération climat d’aujourd’hui avec la convergence des luttes, fin de mois et fin du monde sur fond d’apathie démocratique. « On amène une visibilité sur la remise en cause de la globalisation par la question de l’agriculture et de l’alimentation. C’est vrai que l’histoire du démontage du McDo, permet aux gens de comprendre ce qui se passe. Bernard Cassen dira à ce moment là, que grâce à cette démonstration concrète, le mouvement et la prise de conscience ont gagné dix ans et c’est mieux que n’importe quel discours pour comprendre ce qui est en train de se passer » analyse José Bové.

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De Porto Alegre au premier Forum social mondial, de Seattle contre le sommet de l’OMC à Gênes au sommet du G8, du Chiapas au Pays-Basque en passant par le Brésil et le Kerala, José Bové prêche la bonne parole, celle « des comités Roquefort ». La première lutte contre la globalisation vient de commencer. L’altermondialisme était né.

Une série d’entretiens proposée par Alain Lewkowicz. Réalisation : Guillaume Baldy. Attachée de production : Daphné Abgrall. Prise de son : Jérémy Tuil. A Coordination : Sandrine Treiner.

https://www.franceculture.fr/emissions/a-voix-nue/small-is-beautiful

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