Numérique: face au pouvoir grandissant des géants du net, des résistances et des alternatives

Lorsque Google est né, en 1998, personne n’avait prévu le poids que la firme de Mountain View, rebaptisée Alphabet, aurait vingt ans plus tard. Aujourd’hui, Google est partout, toujours plus puissante, avec son moteur de recherche et tous ses services et filiales : Gmail pour les mails, Youtube pour la vidéo, Calico pour les biotechnologies, son fonds de placement dans les startups, sa filiale de recherche en intelligence artificielle Deepmind, ou encore Sidewalk labs, qui veut construire des quartiers urbains connectés… Google, c’est aussi le « G » du sigle « Gafam », qui désigne ces gigantesques multinationales du numérique : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft.

Face aux velléités de collectes massives de vos données et de surveillance généralisée de ces entreprises, ainsi qu’à leurs pratiques d’évasion fiscale, la résistance prend forme.
Omniprésentes, ces entreprises ne sont pas pour autant incontournables. Moteurs de recherche, réseaux sociaux, vidéos sur Internet… Pour tout, il existe des alternatives aux Gafam, comme les réseaux sociaux Diaspora et Mastodon, le moteur de recherche DuckDuckGo, la messagerie Signal, la plateforme de vidéo Peertube. Ces alternatives doivent être soutenues !

➡️Mastodon, Diaspora, PeerTube… : des alternatives « libres » face aux géants du Net et à leur monde orwellien

Ces alternatives ont pour la plupart été développées par des activistes du numérique et des partisans du logiciel libre qui critiquent ce que sont devenues les Gafam et, avec elles, une grande partie de l’Internet. « Au début, ces entreprises se présentaient comme défenseures des libertés. Elles étaient très souvent aux côtés des militants des droits humains et des activistes numériques dans les débats législatifs, comme sur la neutralité du net ou la liberté d’expression », rappelle Félix Tréguer, activiste du numérique à La Quadrature du Net. Pour lui, le monde des hackers a peut-être été naïf face à la montée en puissance de ces multinationales. Aujourd’hui, il appelle à réinvestir la critique de la technologie.
➡️ Censure et surveillance sur Internet : « Il faut réinvestir la critique de la technologie »

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Cette culture collaborative du « libre » dépasse largement le seul domaine du numérique et de l’informatique. Elle permet par exemple de révolutionner la construction et de permettre l’accès de tous à un logement plus décent. Ou aide les paysans à acquérir une certaine autonomie technologique.
➡️Comment construire sa maison écologique en une semaine et à petit prix grâce à l’ « open source »
➡️Le succès d’une coopérative qui aide les paysans à acquérir leur autonomie technologique et à ne pas se surendetter

L’un de vos sites d’information préféré, Basta !, est publié grâce à un logiciel libre, Spip, élaboré par une communauté de développeurs francophones. D’autant que depuis plusieurs mois, par leurs politiques commerciales et algorithmes, des plateformes comme Facebook ou Google n’aident pas à la visibilité de la presse indépendante.

Vous l’avez sans doute remarqué, Basta ! et bien d’autres médias sont moins visibles sur l’agrégateur Google actu ou le réseau social Facebook. Cette mesure de rétorsion fait suite à la transposition en France de la directive européenne sur les « droits voisins ». Celle-ci oblige les grandes plateformes comme Google à reverser une partie des bénéfices publicitaires – Google ou Facebook gagnent de l’argent grâce aux contenus produits par d’autres – aux éditeurs de presse. Réponse de Google et Facebook aux médias : soit vous nous cédez vos « droits voisins », donc toute possibilité de rémunération, soit nous dégraderons l’affichage de vos contenus. Or, une partie non négligeable de nos nouveaux lecteurs et nouvelles lectrices découvrent Basta ! via ces plateformes. En tant que média indépendant en accès libre, sans publicité, notre visibilité est une condition sine qua non à notre existence : pas de visibilité, pas de lecteurs ; pas de lecteurs, pas de dons ; pas de dons, pas de Basta !

Vous pouvez nous aider à compenser ce manque de visibilité : abonnez-vous et faites s’abonner vos proches, vos réseaux, à notre newsletter. Vous serez non seulement informés de nos nouvelles enquêtes ou reportages, et vous aurez accès à un éditorial régulier de Basta ! sur l’actualité.

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Au sein même des géants du Net, aux Etats-Unis, les travailleurs de Google et Facebook commencent à critiquer les stratégies de leurs entreprises. En Europe, ceux d’Amazon se coordonnent contre leur conditions de travail toujours plus dures.
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➡️Face au refus de tout dialogue chez Amazon, les syndicats européens coordonnent leurs actions

Pour finir, l’astuce pratique pour contourner Amazon si vous souhaitez acheter un livre et aider les petits commerces : installer l’extension Amazon Killer (Chrome ou Firefox). Comment cela fonctionne ? On cherche un livre sur Amazon, on clique dessus, et hop ! on est renvoyé vers le site de vraies librairies. Une alternative efficace pour stopper ce champion de l’emploi précaire, expert en évasion fiscale et gros pollueur.