La résistible ascension des fascistes à la française

    Par Pierre Stambul

    On sait qui ils sont : les descendants des antidreyfusards, les héritiers du régime de Vichy et des collabos. Les héritiers des tortionnaires de la guerre d’Algérie et de l’OAS. Les héritiers des groupes ultraviolents Occident et Ordre Nouveau. Ceux des milices patronales.

    On n’a pas oublié leur fondateur Jean-Marie Le Pen alternant les déclarations haineuses contre les Arabes (« la France, aime-là ou quitte-là ») et contre les Juifs (le « point de détail de l’histoire »).

    Ils ont beau jouer la respectabilité et l’arc républicain, ils représentent une menace terrible contre les migrants, les Arabes, les musulmans, les libertés, le droit du travail, les grévistes, les victimes des violences policières… Ce sont des racistes, des islamophobes, des adeptes du « grand remplacement ».

    On sait ce qui a produit cette marée brune. Depuis des décennies, le capitalisme, l’Europe libérale, Sarkozy, Hollande et bien sûr Macron détruisent l’hôpital, l’école, les services publics, la protection sociale, les retraites, la paysannerie. La désindustrialisation, les délocalisations, la généralisation de la précarité et des emplois ubérisés ont fragmenté le tissu social. L’inégalité a explosé.

    Avec les ministres de l’intérieur successifs, la violence sociale est devenue la norme. Les grèves, les révoltes comme celles des Gilets Jaunes ont été ignorées ou durement réprimées.

    Le vote qui vient d’avoir lieu, et c’est tragique de le dire, est en partie un vote de classe. La lutte des classes est plus que jamais d’actualité. Les capitalistes y croient avec la certitude qu’ils vont la gagner. Mais le prolétariat n’a plus la conscience qu’il forme une classe.
    Faute d’une alternative au capitalisme et aussi parce que une certaine gauche a joué un rôle actif dans les pires mesures antisociales et liberticides, les ouvriers et les précaires, en majorité, et d’autres classes sociales dominées se sont repliées vers le néofascisme. La France n’est pas le seul pays où les pauvres votent pour l’extrême droite.

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    Pendant plus d’un siècle, l’antisémitisme a été le dénominateur commun de toutes les idéologies de haine et d’exclusion. L’islamophobie joue aujourd’hui ce rôle. L’extrême droite essaie de dissimuler son antisémitisme, bien aidée par les dirigeants sionistes qui sont leurs amis et pour qui tous les Palestiniens et leurs soutiens sont des « antisémites ».
    Tous les partis et tous les dirigeants de l’extrême droite soutiennent le régime suprémaciste israélien. C’est « leur » État : un exemple de reconquête coloniale (alors qu’en France la parole sur l’horreur du colonialisme n’a jamais été dite), un pays qui est à la pointe de la surveillance et de la répression des populations réputées « dangereuses ». Des dirigeants capables de commettre un génocide contre des « Arabes » en toute impunité.

    Le comportement des dirigeants sionistes français considérant que le danger pour les Juifs de France, c’est la France Insoumise et plus l’extrême droite, est un pur scandale et il a contribué à la pseudo « normalisation » du parti des Le Pen.

    Le fait que 53% des Français d’Israël qui ont voté aux dernières présidentielles aient choisi Zemmour (pour qui Pétain a défendu les Juifs) traduit un effondrement de la mémoire et des repères.

    Le soutien de l’extrême droite à Israël permet à ces racistes congénitaux de se dédouaner : « nous soutenons les Juifs, c’est la gauche qui est antisémite ».

    Ce qui s’est passé depuis des décennies en Israël nous concerne tous : dans ce pays, l’extrême droite est devenue idéologiquement hégémonique dans quasiment tous les secteurs de la société : colons, religieux, Juifs venus du monde arabe, Russes, l’armée … Des années de déni et d’impunité ont produit une société où toutes les barrières morales se sont écroulées, où l’on se considère comme une victime et pas un bourreau, où tous les dirigeants soutiennent le génocide en cours, y compris le meurtre des femmes et des enfants.

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    En France, résister est obligatoire. La constitution d’un Front Populaire qui rappelle 1934 était absolument nécessaire. Elle ne sera pas suffisante si elle ne s’accompagne pas d’un changement radical : reconstruire tout ce qui a été détruit en termes de solidarité, d’égalité, de liberté, de services publics. Rompre avec les oukases du capitalisme.
    Il faudra que les classes populaires, découragées par toutes les batailles perdues, retrouvent le chemin des luttes et de l’émancipation : « un autre monde est possible ». On pourrait ajouter qu’il est indispensable.
    Ayons aussi dans la tête le souvenir de la dislocation du Front populaire de 1936 ou la défaite du peuple Grec malgré un référendum victorieux. Comme dit une chanson : « c’est reculer que d’être stationnaire ».

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