Ciudadanos, parti ami de Valls et de Macron, se rapproche toujours plus de l’extrême droite

Manuel Valls, dont la politique au gouvernement de Hollande n’avait déjà rien à voir avec une politique de gauche, est de nouveau mis en difficulté pour la mairie de Barcelone. Et pour cause : le parti soutenant sa candidature, Ciudadanos, que Valls qualifiait de « progressiste », vient de s’allier avec le parti d’extrême droite Vox pour les élections au parlement catalan. Une position dure à justifier pour Valls, mais également pour Macron, qui avait également donné son soutien au parti libéral pour lutter contre l’indépendantisme Catalan.

Par Martin Leroye
11 janvier 2019

Déjà très critiqué par l’opposition pour ses positions réactionnaires et son usage brutal des forces de répression en France alors qu’il était ministre de l’intérieur, Manuel Valls était déjà très bas dans les sondages en octobre dernier, ne recueillant que 30 % d’opinions favorables. Si ce dernier a réussi à obtenir des soutiens, c’est uniquement dû à ses positions très marquées contre l’indépendantisme catalan, centrales pour la bourgeoisie espagnole au vu du mouvement de masse pour l’indépendance ayant eu lieu fin 2017. Une position qui lui a permis d’obtenir le soutien officieux d’Emmanuel Macron, ainsi que de Ciudadanos, bien que ce dernier regrette en coulisses le fait que Valls « la joue solo » dans ces élections pour la mairie de Barcelone.

Après une entrée en force du parti d’extrême droite Vox au parlement Catalan, recueillant 10,9 % des voix et obtenant 12 sièges de députés sur 109 (une première depuis la chute du franquisme), Macron et Valls espéraient créer une sorte de « front républicain » pour tenter d’entraver la progression du parti d’extrême droite. C’est en réalité l’inverse qui s’est produit, Ciudadanos ayant choisi de s’allier au parti populaire et à Vox dans un « front anti-gauche » pour le contrôle du parlement Catalan, contre le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) au pouvoir depuis 36 ans en Catalogne. Les dirigeants de Ciudadanos, qui ont dû se rendre compte qu’ils misaient sur le mauvais cheval en soutenant la candidature pour la mairie de Valls, vont maintenant dans le sens opposé que celui-ci avait décidé de défendre. En effet, celui-ci avait déclaré que « toute coalition est légitime, sauf avec des forces qui violent la constitution » au sujet du parti d’extrême droite. Raté.

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Bien que s’étant recentré sur la droite dernièrement, le parti Ciudadanos n’avait rien de l’image « progressiste » que tentait de lui donner l’ancien premier ministre Français : ses représentants s’étaient notamment prononcés contre l’immigration, et en faveur de l’abrogation de textes de lois contre les violences sexistes. Une surenchère réactionnaire au sein de laquelle Vox tient la pole position, proposant par exemple d’interdire les partis indépendantistes ; le pont entre ces deux partis, bien que n’étant pas écrit d’avance, semble en réalité cohérent au vu des nombreuses positions réactionnaires que ces deux partis ont en commun.

Valls risque de subir une défaite cuisante, mais Emmanuel Macron n’est pas en reste : lui qui se rêvait leader des soit disant « progressistes » européens face à l’extrême droite, est de plus en plus isolé, et le revirement de Ciudadanos auquel celui-ci avait accordé son soutien, est une nouvelle épine dans le pied de son projet européen.

Crédit photo : AFP

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