Rossana Rossanda

L’histoire de Rossana et du Manifesto, c’est l’histoire politique et culturelle de l’Italie de l’après-guerre. Celle d’un Parti communiste puissant et innovant qui s’est délité jusqu’à disparaître. Nous publions son article écrit pour le 50ème anniversaire du « Manifesto » le 8 juillet 2019.

Il Manifesto a été conçu comme un magazine mensuel à l’été 1968. Le premier numéro a été publié en Juin 1969 et avait 75 pages, a été réalisé par Lucio Magri et Rossana Rossanda avec Luigi Pintor, Luciana Castellina, Aldo Natoli, Ninetta Zandegiacomi, Valentino Parlato, Massimo Caprara, Filippo Maone; Entre autres, Marcello Cini, Vittorio Foa, Pino Ferraris, Lisa Foa, Enzo Collotti, Pierre Carniti, Camillo Daneo, Massimo Salvadori et quelques signatures internationales telles que J.P. Sartre, K.S.Karol, Jorge Semprun et Fernando Claudin, Paul Sweezy, Noam Chomsky, Michal Kalecki, Ralph Milliband, Daniel Singer, Regis Dabray, Charles Bettelheim, Eldridge Cleaver, Jan Murdal, André Gorz, Andras Hegedues, Karel Bartosek.

Dix numéros sont sortis, à peu près de la même épaisseur, la mise en page était conçue par Giuseppe Trevisani, tandis que Luca Trevisani et Michele Melillo travaillaient à la coordination de la rédaction. Le dernier numéro est sorti en décembre 1970 annonçant sa transformation en un quotidien.

La publication du magazine a toujours été autofinancée, l’accord avec l’éditeur prévoyait la vente directe par le rédacteur en chef d’un petit nombre d’exemplaires (aucun éditeur n’avait voulu assumer la totalité des dépenses). Pour l’éditeur Dedalo di Bari, cependant, la société avait un bilan positif, étant en mesure de construire avec des bénéfices inimaginables sa future maison d’édition, le premier numéro a été réimprimé à plusieurs reprises atteignant environ 80.000 exemplaires de vente.

Cependant, les dépenses ont été réduites au minimum : les articles n’étaient pas payés et le travail technique était toujours coordonné par une seule personne, Ornella Barra ; le service d’expédition et d’abonnement a été assuré par les mêmes éditeurs collègues que nous avions surnommé « les monstres de la nuit ».

Les maigres salaires qui ont été donnés étaient, et sont restés jusqu’à la fin, les mêmes pour tous. La presse du PCI (plus tard DS et puis Pd) atteignait à peine la moitié du succès du Manifesto.

La masse des lecteurs venait en grande partie du PCI et était évidemment mûre pour une discussion libre, alimentée aussi par la rupture et la crise internationale des partis communistes, ce qui explique la difficulté pour le PCI de faire face à la nécessité de se séparer d’une entreprise qui l’a si directement mis en question et qui n’était pas facile à rejeter comme « anti-communiste ».

Le premier numéro s’est ouvert par un éditorial intitulé « Une œuvre collective » et s’est terminé par un autre éditorial du même titre « Encore une œuvre collective ».

L’objet de ces numéros était avant tout les luttes ouvrières et les problèmes du mouvement communiste international, centrés sur le conflit entre le Pcus et le Parti communiste chinois, ainsi que, de toute évidence, les problèmes que l’initiative de notre groupe avait ouvert au sein du Parti communiste italien et qui culminera en novembre 1969 avec l’exclusion du groupe.

La presse italienne a suivi de près les événements, en particulier certains responsables du journalisme d’investigation (Paolo Murialdi) ; par contre la presse du Pci fut très acerbe.

Le choix du magazine en faveur de la Révolution culturelle chinoise a éloigné le Manifesto du courant social-démocrate ; il en fut de même pour l’inspiration nettement communiste de gauche de notre organisation interne (égalité salariale et régime de réunion pour toutes les décisions politiques).

Le Manifesto n’a pas eu la faveur des 81 partis communistes qui existaient à l’époque, pas même le parti cubain ; seules existaient quelques relations personnelles très fortes avec des figures individuelles des partis Français, allemand (Spd) et espagnol. La tentative d’avoir une relation avec le Parti communiste chinois n’a pas eu de suite.

La direction d’Enrico Berlinguer a prouvé, en fait, la différence entre les communistes italiens et ceux des autres pays. Comme on l’a déjà dit, la difficulté pour le PCI de procéder à des mesures disciplinaires à notre encontre s’est révélée dans certaines villes lors du Congrès du parti, en particulier à Florence, Bergame et Naples. Quoiqu’il en soit la différence de style entre le PCI et les autres partis communistes a profité à court terme au parti d’Enrico Berlinguer.

Le développement du magazine a porté principalement sur les questions de la lutte industrielle, en partie en raison du renouvellement des conventions collectives et des tentatives radicales d’innovation sur le terrain du contenu et des luttes lors de la saison des « conseils d’usine » qui reçut plus de soutien des syndicats que du parti et qui reste l’une des conséquences théoriques les plus importantes après le « 68 » italien.

Le magazine a également suivi les luttes sur l’école et le logement, y compris les questions qui ont le plus dérangé le Parti communiste de l’Union soviétique : le problème du printemps tchèque, le grand réveil syndical polonais (en particulier entre les chantiers navals du Nord, Gdansk et Stettin), dont rien ne semble être resté aujourd’hui, et l’élaboration chinoise d’abord par Mao Tze Tung, puis par la révolution culturelle. Et bien sûr, le Manifesto a été le point de référence pour les groupes dissidents de l’Est qui ont maintenu une inspiration de gauche et seront plus tard réunis à la Conférence sur les sociétés postrévolutionnaires (Université de Venise, 1977).

Il est difficile de dire si la rédaction du Manifesto a eu une influence sur le Parti communiste : il est clair que la crise du communisme qui a suivi aurait probablement été limitée si le parti avait accepté de s’en inspirer.

Mais ce ne fut pas le cas. Le groupe a été accusé d’activités fractionnées, bien qu’il ait pris soin de ne pas offrir ce prétexte aux dirigeants. Enrico Berlinguer aurait probablement préféré éviter les mesures disciplinaires, que le reste du parti lui a imposé après la publication du premier numéro : en particulier, la publication du deuxième numéro (indiqué comme numéro 4) après l’été, et après le premier Comité central de condamnation avec comme orateurs Alessandro Natta et Paolo Bufalini. Dès lors, les relations avec le Parti se sont empoisonnées ; La cinquième commission du Comité central a été convoquée et la ligne répressive a été décidée, manifestée alors par les radiations d’Aldo Natoli, Luigi Pintor et Rossana Rossanda sanctionnés par le vote du Comité central du 27 novembre 1969. Les autres membres du comité de rédaction du Manifesto ont été exclus dans les semaines suivantes.

En conclusion, la tentative initiale du Manifesto a été le principal test d’un groupe homogène au sein du mouvement communiste international ainsi qu’une tentative véritablement innovante dans l’histoire des magazines politiques.

 

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Rossana Rossanda

EDIZIONE DEL21.06.2019

PUBBLICATO20.6.2019, 23:55

AGGIORNATO8.7.2019, 21:56

Il manifesto fu pensato come rivista mensile nell’estate del 1968. Il primo numero usci nel giugno del 1969 e aveva 75 pagine, era diretto da Lucio Magri e Rossana Rossanda assieme a Luigi Pintor, Luciana Castellina, Aldo Natoli, Ninetta Zandegiacomi, Valentino Parlato, Massimo Caprara, Filippo Maone; vi collaborarono fra gli altri, oltre a compagni “di base”, Marcello Cini, Vittorio Foa, Pino Ferraris, Lisa Foa, Enzo Collotti, Pierre Carniti, Camillo Daneo, Massimo Salvadori e alcune firme internazionali come J.P. Sartre, K.S.Karol, Jorge Semprun e Fernando Claudin, Paul Sweezy, Noam Chomsky, Michal Kalecki, Ralph Milliband, Daniel Singer, Regis Dabray, Charles Bettelheim, Eldridge Cleaver, Jan Myrdal, André Gorz, Ne uscirono dieci numeri, più o meno dello stesso spessore; l’impaginazione era stata ideata da Giuseppe Trevisani, mentre Luca Trevisani e Michele Melillo lavorarono a coordinare la redazione. L’ultimo numero usci nel dicembre del 1970 e annunciava la sua trasformazione in quotidiano.

La pubblicazione della rivista fu sempre autofinanziata, l’accordo con l’editore prevedeva la vendita diretta da parte della redazione di un modesto numero di copie (nessun editore aveva voluto assumerne l’integralità della spesa). Per l’editore Dedalo di Bari l’impresa fu però tutta in positivo potendo costruire su inimmaginabili profitti la sua futura casa editrice, il primo numero infatti fu ristampato diverse volte raggiungendo circa le 80.000 copie di vendita. Le spese tuttavia erano ridotte al minimo: gli articoli non erano retribuiti e il lavoro tecnico è stato sempre coordinato da una sola persona, Ornella Barra; il servizio spedizioni e abbonamenti era assicurato dagli stessi compagni redattori che chiamavamo i mostri della notte.

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Gli scarsi stipendi che venivano dati erano, e rimasero fino alla fine, uguali per tutti. La stampa del Pci (poi Ds e poi ancora Pd) raggiunse a stento la metà del successo de il manifesto.
Il bacino di interesse era fornito dal Pci ed era evidentemente maturo per una discussione libera, alimentata anche dall’infrangersi della compattezza internazionale dei partiti comunisti, il che spiega la difficoltà per il Pci di far fronte alla necessità di separarsi da un’impresa che lo metteva cosi direttamente in causa e che non era facile da liquidare come «anticomunista».

Il primo numero si aprì con un editoriale dal titolo «Un lavoro collettivo» e terminò con un altro editoriale dello stesso titolo «Ancora un lavoro collettivo». L’oggetto dei numeri fu soprattutto le lotte operaie e i problemi del movimento comunista internazionale che aveva al centro la contesa fra il Pcus e il Partito comunista cinese, oltre evidentemente i problemi che l’iniziativa del nostro gruppo apriva all’interno del Partito comunista italiano e che sarebbero culminati nel novembre 1969 con la radiazione del gruppo.

La stampa italiana ne seguì con attenzione le vicende, soprattutto da parte di alcuni leader del giornalismo di inchiesta (Paolo Murialdi); molto acerba fu invece la stampa del Pci.

La scelta della rivista a favore della rivoluzione culturale cinese allontanò dal manifesto la parte socialdemocratica; e così anche l’ispirazione nettamente comunista di sinistra della nostra organizzazione del lavoro interno (uguaglianza degli stipendi e regime assembleare per tutte le decisioni politiche). Allo stesso modo, il manifesto non incontrò il favore degli 81 Partiti comunisti allora esistenti, neppure di quello cubano; rimasero soltanto molto vivi alcuni rapporti personali con singoli personaggi dei partiti francese, tedesco (Spd) e spagnolo. Il tentativo di un rapporto con il Partito comunista cinese non ebbe seguito.

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La gestione fattane da Enrico Berlinguer dimostrò in ogni modo la differenza fra i comunisti italiani e quelli degli altri paesi. Ne venne anche, come già accennato, la difficoltà per il Pci di procedere alle misure disciplinari del nostro gruppo fondatore: in alcune città essa arrivò a interferire con il Congresso del partito, in particolare a Firenze, Bergamo e Napoli. E in ogni modo la differenza di stile tra il Pci e gli altri partiti comunisti giovò nel breve termine al partito di Enrico Berlinguer. L’elaborazione della rivista affrontò soprattutto i temi della lotta in fabbrica, dovuta anche alla scadenza dei rinnovi contrattuali e ai tentativi di innovazione radicali sul terreno dei contenuti dovuti alla stagione dei «consigli di fabbrica» che ebbero un appoggio più del sindacato che del partito e che rappresentavano una delle conseguenze teoriche più importanti seguite al ’68 italiano.

La rivista seguì anche le lotte sulla scuola e quelle sulla casa, oltre alle questioni che dettero più fastidio al Partito comunista dell’Unione sovietica: il problema della primavera cecoslovacca, del grande risveglio sindacale polacco (specie fra i cantieri del Nord, Danzica e Stettino), del quale nulla sembra essere rimasto oggi, e dell’elaborazione cinese prima di Mao Tze Tung e poi della rivoluzione culturale. Ovviamente la rivista il manifesto fu il punto di riferimento per i gruppi dissidenti dell’Est che mantenevano una ispirazione di sinistra e che sarebbero poi convenuti nel Convegno sulle società post rivoluzionarie (Università di Venezia, 1977).
Difficile dire se l’elaborazione del manifesto abbia avuto un’influenza sul Partito comunista: è evidente che la crisi successiva del comunismo sarebbe stata probabilmente limitata se il partito avesse accettato di assumerne l’ispirazione.

Ma non fu così; il gruppo fu accusato di attività frazionistica, anche se aveva fatto molta attenzione a non offrire questo pretesto ai dirigenti. Enrico Berlinguer avrebbe probabilmente preferito evitare dei provvedimenti disciplinari che però il resto del partito gli impose fin dall’uscita del primo numero; in particolare la pubblicazione del secondo numero (indicato come numero 4) avvenne dopo l’estate e dopo il primo Comitato centrale di condanna ancora interlocutoria (relatori Alessandro Natta e Paolo Bufalini). Da allora in poi i rapporti col Partito precipitarono; fu convocata la quinta commissione del Comitato centrale e decisa la linea repressiva, manifestata poi con la radiazione di Aldo Natoli, Luigi Pintor e Rossana Rossanda sancita dal voto del comitato centrale del 27 novembre 1969. Gli altri membri della redazione de manifesto furono radiati nelle settimane successive.

In conclusione, il tentativo del manifesto espresso inizialmente dalla rivista ha rappresentato la principale sperimentazione di un gruppo omogeneo all’interno del movimento comunista internazionale oltre a un tentativo veramente innovatore nella storia delle riviste politiche.

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