Steve : le JDD a eu accès à 148 témoignages sur l’opération policière controversée

FÊTE DE LA MUSIQUE : NOUVELLES RÉVÉLATION

août 11, 2019

Le Journal du Dimanche revient sur 149 témoignages accablants

  • « – Deux tireurs visaient la tête des gens.
  • – Je me suis fait traiter de “sale gaucho.
  • – J’avais du sang partout sur le crâne.
  • – On était juste des objets à défoncer.
  • – Comme seule échappatoire la Loire. »

Le Journal du Dimanche publie une longue enquête aujourd’hui. L’article revient sur les dizaines de témoignages de personnes attaquées par la police le soir de la fête de la musique, au bord de la Loire, à Nantes. Un récit effroyable. Une agression sans sommation, injustifiée, barbare. « On n’a rien compris », disent les témoins. En quelques minutes seulement, la police tire 33 grenades lacrymogènes, 10 de désencerclement et 12 balles en caoutchouc sur la foule, dans la nuit. La terreur. Des coups de matraque pleuvent. Plusieurs personnes ont des blessures, des os brisés.

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Steve : le JDD a eu accès à 148 témoignages sur l’opération policière controversée

10 août 2019

Le JDD a eu accès en exclusivité aux témoignages des plaignants après l’opération policière controversée du 21 juin, à l’issue de laquelle Steve Maia Caniço a disparu. Ces récits donnent la mesure, à travers les yeux des fêtards, de la violence qui s’est abattue au cœur de la nuit, pendant une demi-heure, sur le bord de la Loire.

Le soir de la Fête de la musique à Nantes, Steve Maia Caniço a perdu la vie à la suite d’une opération policière controversée. Si le rapport de l’IGPN nie les conséquences de la charge des forces de l’ordre, voire son existence même, le JDD a eu accès à 148 témoignages recueillis par l’association locale Média’Son qui apportent une autre vision de la fin de soirée. Peu déclarent connaître Steve Maia Caniço. Certains n’ont couché que quelques mots, rageurs ou douloureux. D’autres se sont plus longuement épanchés. Beaucoup, précis et méticuleux, décrivent une nuit de confusion et de grande brutalité.

Violence et stupeur. Cette nuit du 21 juin, pour la Fête de la ­musique à Nantes, Sébastien s’est vu mourir noyé. Ce soir-là, ce peintre en bâtiment de 32 ans se laisse convaincre par un ami d’aller écouter la musique des sound sytems électros et technos installés sur le quai Wilson comme chaque année. “C’était sympa, j’ai rencontré des gens pas vus depuis longtemps, raconte-t-il. On s’est assis pour discuter.” Sans garde-corps à ce niveau des berges, la Loire est laissée à bonne distance. Tout le monde le sait, ­Sébastien craint l’eau : il ne sait pas nager. Mais, à cet instant, il n’y songe pas. Les copains éclusent quelques bières, parlent du son “vraiment cool”, de ce qu’ils deviennent, de l’anniversaire de la mère de Sébastien organisé le lendemain. “Et là ça a pété, on n’a rien compris. On s’est retrouvés dans un nuage de gaz, mes yeux se sont mis à brûler, des gens couraient dans tous le sens.”

Désorienté, le trentenaire perd ses amis. “J’ai eu deux peurs, se souvient-il. Tomber par terre et arriver esquinté aux 60 ans de ma mère ; ou tomber dans la Loire et me noyer.” Les yeux clos, il avance à tâtons, dans la nuit, les cris et la lacrymo. “Sauf que je pars dans le mauvais sens. En fait, là où y avait moins de gaz, c’était vers la Loire.” À “2 mètres” de l’eau, ses jambes butent sur un corps penché au-dessus du fleuve. À quatre pattes, un homme hurle qu’il y a des gens dans l’eau, qu’il faut les sortir de là. “Il était en train de les diriger, il m’a demandé de venir l’aider, souffle ­Sébastien. Mais moi je ne sais pas nager, j’avais un peu picolé.”

Terrifié, il recule doucement pour fuir la Loire et ses puissants courants, contre lesquels se débattent au moins trois personnes. “Je me suis senti lâche et inutile, murmure-t-il. J’étais seul. C’était le premier contact de ma vie avec la police. J’arrête pas d’y penser. Des amis m’ont rassuré, m’ont dit que si j’avais marché un peu plus vite je tombais dans l’eau. C’était une putain de bavure. Il faut porter plainte. Mais j’ai même pas pensé à Steve, je ne connaissais pas l’histoire. Je me suis juste senti en danger.”

Quatre-vingt-neuf personnes ont porté plainte

Pour cette Fête de la musique, une dizaine de sound systems étaient autorisés à cracher leurs basses sur le quai Wilson jusqu’à 4 heures du matin. Tous se sont pliés à l’horaire, sauf le dixième, le plus à l’ouest, tout près d’un bâtiment surnommé “le Bunker”. Un peu après l’heure dite, il a osé une dernière chanson. D’après le rapport administratif de l’IGPN*, qui nie les conséquences de la charge policière, voire son existence même, et grâce aux différents témoignages recueillis puis aux vidéos révélées par Libération et Nantes révoltée, on estime que l’opération policière a débuté vers 4h30 pour se terminer à 4h52. Durant cette petite demi-heure, 33 grenades lacrymogènes, 10 de désencerclement et 12 tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) sont lâchés sur la foule. Une dizaine de fêtards au moins tombent à l’eau. Le corps de Steve Maia Caniço, disparu cette nuit-là, sera retrouvé dans la Loire plus d’un mois après.

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Au lendemain de cette funeste soirée, l’association locale Média’Son, qui joue les intermédiaires entre les autorités et les organisateurs de free-parties du coin, a lancé un appel à témoignages. Elle en a recueilli 148, livrés par autant de personnes présentes ce soir-là. Quatre-vingt-neuf d’entre eux, dont Sébastien, ont déposé une plainte collective le 3 juillet pour “mise en danger de la vie d’autrui et violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique”. Le JDD a eu accès en exclusivité à l’ensemble de ces témoignages écrits la semaine du 23 juin, et rencontré plusieurs de leurs auteurs. Une trentaine de pages noircies de récits personnels, bruts, à chaud. Peu déclarent connaître Steve Maia Caniço. Certains n’ont couché que quelques mots, rageurs ou douloureux. D’autres se sont plus longuement épanchés. Beaucoup, précis et méticuleux, décrivent une nuit de confusion et de grande brutalité.

Pas de haine contre les policiers

Les plaignants ont entre 17 et 34 ans. Hommes ou femmes, lycéens, étudiants ou travailleurs, ils ont subi un choc qui n’a guère été pris en compte depuis. L’habituelle “cellule psychologique”, dégainée par les pouvoirs publics à chaque événement traumatisant ou presque, n’a même pas été évoquée à Nantes. Pourtant, ce sont plusieurs centaines de personnes simplement venues faire la fête sur les bords de Loire, loin des logements, là où les pulsations de basses ne dérangent pas, qui ont été gazées en pleine nuit.

À la lecture des témoignages, on note qu’aucun d’entre eux n’exprime de haine contre les policiers, ni d’opinion politique. Pas une insulte n’est proférée. Seules cinq personnes parlent de “flics” ; les autres préfèrent les termes de “policiers”, “forces de l’ordre” ou “CRS”. “Leur rôle est d’assurer la sécurité, non d’orchestrer le chaos”, écrit un premier. “Ils ont tout gâché au lieu de communiquer”, commente un deuxième.

Parmi les 148 témoins, tous ceux qui reviennent sur le début de la charge soulignent qu’à aucun moment ils n’ont entendu la police prévenir qui que ce soit avant que les grenades lacrymogènes ne s’abattent au milieu de la foule réunie sur le quai. “La musique est coupée un court instant, le public proteste gentiment, comme ça se fait à tout concert. Puis un petit Bérurier Noir [groupe de rock alternatif des années 1980] se fait entendre, sur une tonalité très basse, raconte l’un d’entre eux, qui situe son récit vers 4h15. Et là, sans sommation, des gaz partout. À la fois d’au-dessous et d’au-dessus.” Dix minutes après, un DJ occupé à ranger le matériel du sound system voisin rapporte comment, alors qu’il sort de son camion avec des amis, les forces de l’ordre les ont “bombard[és]”.

“Les gens ont commencé à courir dans tous les sens, raconte un autre. J’imagine qu’ils ne comprenaient pas plus que nous ce qui était en train de se passer. Je précise que j’ai vu des projectiles envoyés sur les forces de l’ordre. Mais bien après leur intervention musclée.” Tous décrivent alors “une scène de panique”, des gens “affolés”, “perdus”, “terrifiés”.

Nuage chimique quai Wilson

Très vite, le vent d’effroi et de ­lacrymogène gagne l’est du quai, là où les enceintes sont éteintes depuis une bonne vingtaine de minutes. Un garçon est en train d’aider la protection civile, venue secourir “une personne en état d’ébriété et inconsciente” : “On s’est fait gazer et nous avons dû nous-mêmes transporter le jeune homme dans le camion de la protection civile alors que le gaz nous brûlait la gorge. C’était irrationnel et dangereux.”

À partir de là, le nuage chimique a déjà recouvert le quai Wilson. Selon le rapport controversé de l’IGPN, il est 4h37. Soit l’heure, d’après la police des polices, de la première salve de grenades lacrymogènes. Mais, au vu des vidéos amateur tournées sur place, il semble plutôt qu’il soit au plus tard 4 h 32, ­version confirmée par les témoignages consultés par le JDD. Selon ces derniers, la police ­commence à “charger depuis la route [en amont du fleuve] vers le quai, laissant comme seule échappatoire la Loire”, comme s’ils étaient « du bétail”. “Je me suis fait violemment repousser par les forces de l’ordre en direction de la Loire, affirme un participant présent du côté du Bunker. Je me suis aussi fait tirer dessus avec des ­ grenades de ­désencerclement directement dans les pieds et me suis fait traiter de “sale gaucho”.” Plusieurs personnes écrivent avoir vomi sous l’effet des gaz et les témoignages d’yeux, gorges et bronches brûlés sont légion.

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D’autres récits effarants, situés dans le même intervalle de temps, semblent confirmer la dangerosité de l’opération policière. La fête bat son plein depuis 15 heures de l’après-midi. Cela fait donc, pour les plus motivés, près de neuf heures de “teuf”, la tête dans les caissons de basses. À 4h30, corps et esprits, enivrés ou non, sont exténués. Aux abords du Bunker “au moment du conflit”, un jeune homme explique que “des personnes dormaient encore sur le quai”, que “certains se sont réveillés en panique et ont couru dans le nuage de lacrymogène sans savoir où aller”.

Depuis des semaines, les proches de Steve assurent qu’ils ont laissé leur copain fatigué dormir près du sound system d’où est parti l’assaut. Ils sont persuadés qu’il a ainsi été surpris par les gaz dans son sommeil puis a chuté dans le fleuve. “Je me suis réveillé dans la lacrymo, écrit un fêtard. Sans savoir par où partir, déstabilisé, seul.”

Vingt minutes dans la Loire

“C’est au moment où le nuage nous a envahis qu’on a vu des gens tomber dans la Loire”, déclare une jeune fille, la voix tremblante. “C’était le gros bordel, les flics qui passent en plein milieu de la piste de danse en te dévisageant, c’est incroyable, renchérit un autre. Là, j’ai vu des gens tomber dans l’eau.” Parmi les 89 plaignants, deux ont chuté dans la Loire. L’un, fuyant les gaz lacrymogènes, perd l’équilibre et se fait emporter par le courant. Plus loin, il réussit à s’accrocher à une corde fixée au quai. À cet instant, l’autre tombe à la renverse et, dans sa chute, se luxe l’épaule. Le premier voyant le second se débattre dans l’eau sans parvenir à nager le saisit par le col pour l’aider à se maintenir. Ils passeront une vingtaine de minutes dans la Loire avant d’être secourus.

Dix-huit des 148 ­témoins soutiennent avoir vu des gens tomber dans le fleuve. Aux alentours de 4h40, une femme prise dans les gaz s’approche du bord pour mieux respirer. “Soudain, j’aperçois une personne dans la Loire, elle avait du mal à nager et s’éloignait de la berge, expose-t-elle. Avec un petit groupe de personnes, nous lui parlions afin qu’elle reste éveillée et nous lui éclairions la berge pour qu’elle s’en approche.” Les pompiers, sur un bateau à proximité, sont prévenus. Mais elle conclut, inquiète : “Je n’ai pas pu voir dans ce chaos et cette confusion si la personne avait été repêchée…”

Certains jurent avoir appelé les forces de l’ordre à la rescousse. “Quand on est allés voir la police pour leur dire qu’il y avait des gens à l’eau, on s’est fait envoyer balader : ‘Cassez-vous ou on vous embarque!'”, s’étrangle un témoin. Un autre, rencontré par le JDD, précise son souvenir. “On était une dizaine près de l’eau, on suivait un mec qui se débattait dans la flotte, relate-t-il. On est allés voir les flics pour qu’ils nous aident, ils ont répondu texto : ‘C’est pas notre boulot, c’est celui des pompiers.'” Un troisième explique pour sa part avoir vu quelqu’un “prévenir les CRS qu’une personne était tombée à l’eau”. Selon lui, ces derniers sont “venus avec des lampes de poche l’espace de dix secondes. Ils n’étaient même pas au bon endroit et ils sont repartis sans rien faire, vers leur fourgon.”

“À partir de là, il faut imaginer des centaines de personnes qui hurlent en courant dans tous les sens, des bruits de ‘plouf’ dans l’eau, du gaz partout, des détonations de grenades, des flics qui frappent des gens, égrène au téléphone l’un des 89 plaignants, encore choqué. C’était le chaos.” Un témoin, rencontré depuis à Nantes, confesse sans finasser : “On est tous pompettes, on est contents d’être là et les gars nous chargent pour une putain de dernière musique. Alors, ouais, les plus énervés, comme moi, on a foncé. Je le cache pas, on a lancé des bouteilles.” Dix policiers porteront d’ailleurs plainte pour ces violences.

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L’organisateur d’un sound system placé à 100 mètres du Bunker sent la tension monter. Il traverse les gaz pour exhorter les fêtards qui lancent les projectiles contre les forces de l’ordre à tout arrêter. C’est la police qui lui répond finalement, d’un coup de matraque. De son côté, une jeune fille raconte avoir été heurtée par le bouclier d’un CRS, qui lui a cassé une dent. Des témoignages évoquent des tirs de LBD. “Deux tireurs visaient la tête des gens avec leur LBD, précise l’un d’eux. Ils visaient des personnes qui étaient acculées face à la Loire.”

Au moment de coucher son récit sur le papier, un participant n’en revient toujours pas. “C’est encore douloureux dans mon esprit, j’ai vu des attaques violentes et gratuites dans ma vie, mais celle-ci était parfaitement infondée, écrit-il. Des matraques sur des gamins en tee-shirt, c’était terrifiant d’incompréhension, surréaliste. “Disproportionné” n’est même pas le terme adéquat.”

Provocations et coups de matraque

Un “teufeur” se retrouve près des rochers qui séparent la route du quai longeant le fleuve. Il reçoit ce qu’il ­décrit comme “un coup de Taser dans le dos”. Selon lui, ce n’est pas pour le faire partir mais pour le provoquer : lorsqu’il se retourne, l’homme en uniforme, pistolet à impulsions électriques dans la main, lui lance : “Vas-y, viens, vas-y!” “Il m’a incité à lui rentrer dedans”, croit-il. Il préfère battre en retraite et aider une personne à terre. Un policier lui assène alors un coup de matraque qu’il esquive en sautant dans les rochers.

Résultat : cheville brisée, certificat à l’appui. Il a indiqué à l’avocate des 89, Marianne Rostan, qu’il comptait porter plainte cette semaine. Plâtré depuis un mois, il n’a pas encore eu l’occasion de le faire. Cela porterait à 90 le nombre des plaignants figurant à la procédure. Parmi eux se trouve un lycéen de 17 ans. D’abord gazé au spray lacrymogène, il a reçu des coups de matraque sur la main, lui fracturant l’index droit et lui valant vingt et un jours d’ITT.

L’un des récits les plus violents concerne ce jeune plaignant qui parle du moment où il s’extirpe du nuage de gaz. Lui ne se retrouve pas devant la Loire mais face à une rangée de policiers casqués. “Un CRS m’a mis un coup de matraque sur le dessus du crâne, je suis tombé par terre et ai reçu plusieurs coups”, détaille-t‑il, assurant que c’est lui, le garçon frappé au sol qu’on aperçoit sur l’une des vidéos amateur. Le jeune homme réussit finalement à se relever. Rebelote et coup de bouclier. De sa fuite, il n’a “pas vraiment de souvenirs”, sinon que ses amis se sont occupés de lui. “J’avais du sang partout sur le crâne et j’étais à moitié sonné”, retrace-t-il.

Alors que la situation se calme, un peu avant 5 heures, “sur le chemin du retour” un “teufeur” demande à un CRS “quelles sont les raisons” de l’intervention. Pas de réponse. Le jeune homme s’aventure à renouveler sa question. Spray de lacrymogène dans un œil, “à moins de 30 centimètres”. Désorienté, il s’assoit un instant. “Un CRS me dit alors de dégager de là. Mais je ne le vois pas, il me pousse. J’ouvre les yeux, il me gaze (par chance) l’autre œil.” Bousculé, il reçoit en prime un coup de matraque. Un ami venu le chercher en prend un derrière le genou. “Le lendemain, visage complètement brûlé et très douloureux pendant plusieurs jours, déplore-t-il. Pas très présentable pour aller travailler.” Un jeune résume le sentiment général. “On était juste des objets à défoncer.”

Un dernier témoignage interpelle tout particulièrement. C’est celui d’une DJ qui, vers 4h30, avec son collectif, ­s’apprête à ranger son matériel. Elle est positionnée de l’autre côté du ­Bunker. “Les forces de l’ordre et la foule se dirigeaient littéralement sur nous”, rapporte-t-elle. Une situation qu’elle juge “complètement incompréhensible” : “Quelques minutes avant la fin de la soirée, la police elle-même est venue nous féliciter pour le bon déroulement de la soirée.”

* Également chargée de l’enquête judiciaire.

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