Ce samedi 11 octobre 2025, on peut lire dans Médiapart, sous la plume de François Bougon :
« Donald Trump n’a pas reçu, vendredi 10 octobre, ce prix Nobel de la Paix qu’il convoitait tant. C’est une de ses fidèles alliées en Amérique latine, l’opposante vénézuélienne María Corina Machado, figure historique de la lutte contre le régime chaviste, qui a été distinguée cette année.
Dans un communiqué, le comité norvégien du Nobel a expliqué avoir distingué María Corina
Machado « pour son travail inlassable en faveur des droits démocratiques du peuple vénézuélien et pour sa lutte en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie ».
Bref, pour éviter les foudres de Donald Trump, les membres du jury du Prix Nobel de la Paix lui ont offert un lot de consolation en la personne de son amie Maria Corina Machado .
Qui est-elle ?
María Corina Machado appartient à la grande bourgeoisie vénézuélienne. Son père, Henrique Machado Zuloaga, est un homme d’affaires, héritier d’une famille ayant fondé la compagnie d’électricité Electricidad de Caracas, les entreprises sidérurgiques Sivensa et Sidetur, entreprises nationalisées par Hugo Chavez. Ceci explique-t-il la haine de classe qui anime Maria Corina Machado envers ce « Socialisme du XXIè siècle » mis en place par Hugo Chavez en 1999 et que perpétue Nicolas Maduro depuis 2013 ? Elle appartient aux secteurs les plus radicaux de l’opposition au gouvernement, elle s’est opposée dès le début au chavisme au nom d’un anticommunisme viscéral.
Ingénieure de profession, elle a entamé son parcours politique en 2002 avec la création de
l’association Sùmate (« Rejoins-nous ») qui reçoit des financements de la NED et de l’USAID(1).
Proche du Likoud, M.C.Machado a écrit à B. Netanyahou pour lui demander de l’aider à changer le régime, et a participé depuis 2002 à tous les coups d’État et épisodes de violences contre les Présidents élus Chavez et Maduro ( les guarimbas) – violences relookées par les médias officiels en 2014 et en 2017 en « révoltes-populaires-contre-la-dictature ». Maria Corina Machado est l’amie de Donald Trump et de l’argentin Javier Milei. Son programme est clair : détruire l’État et les services publics, privatiser les entreprises publiques (dont PDVSA(2)) et les centres de santé, revendre les millions de logements construits par la révolution bolivarienne, remettre l’armée sous contrôle des États-Unis et leur offrir le pétrole, sans oublier l’accord sécuritaire signé avec Israël(3).
Lui attribuer le Nobel de la Paix est une imposture. Autre scandale : en octobre 2024, Maria Corina Machado a reçu ( avec son compère Edmundo Gonzalez Urrutia) le Prix Sakharov décerné par le Parlement européen qui récompense chaque année des personnes ou organisations défendant les droits de l’Homme et les libertés fondamentales.
Le Vénézuela est-il une dictature comme le ressasse sans répit nos médias ?
Une dictature féroce et sanguinaire où le peuple est régulièrement consulté, où les communes autogérées ont un réel pouvoir ? Celles-ci élaborent leurs projets de A à Z , font les demandes de subventions nécessaires au gouvernement et exécutent elles mêmes les travaux …
Depuis la victoire électorale de Hugo Chávez en décembre 1998, le Venezuela a organisé 35 élections dont un référendum sur la nouvelle Constitution. Le chavisme n’a perdu que deux élections nationales. La transparence du système électoral vénézuélien, à double vérification, électronique et imprimée, a fait dire dès 2012 à Jimmy Carter qu’«en le comparant aux 92 processus électoraux que j’ai observés dans le monde entier, c’est le meilleur du monde. »
D’après Ignacio Ramonet (4), « le Vénézuela demeure le grand laboratoire politique de notre temps. On y tente quelque chose que le système mondial dominant ne tolère pas : combiner démocratie participative, souveraineté nationale et redistribution sociale dans une perspective socialiste. Voilà pourquoi les agressions [du grand voisin] ne cessent pas : blocus, sanctions, asphyxie économique, guerres cognitives, campagnes de délégitimation. Mais on y a vu aussi les formes les plus créatives de résistance populaire : les communes, l’autogestion, l’idée d’un pouvoir par le bas ».
De plus, l’attribution du prix intervient dans un contexte qui n’a rien d’innocent. Alors que
Washington multiplie les menaces à l’encontre de Caracas, des frappes américaines ont récemment été menées en mer des Caraïbes, au motif d’une prétendue « guerre contre la drogue ». Donald Trump a encore durci les sanctions contre le Venezuela, tandis que son administration semble de nouveau caresser l’hypothèse d’une intervention directe. L’histoire retiendra-t-elle que l’attribution d’un prix Nobel de la paix aura servi de caution à une guerre de changement de régime ?
Notes :
(1) NED : (National Endowment for Democracy). Cet organisme a été créé spécialement pour servir de substitut à la CIA.
USAID 🙁 US Agency for International Development ) . C’est le visage humanitaire de l’Amérique à travers le monde.
Ces deux ONG, financées par le gouvernement fédéral, financent des œuvres humanitaires dans le monde entier mais aussi des groupes de dissidents pour provoquer des « Change regime », les révolutions de couleurs comme par exemple la révolution orange en Ukraine en 2004 …
(2) PDVSA 🙁 Petroleos de Venezuela SA): est la grande entreprise publique pétrolière dont les difficultés sont dues principalement aux sanctions imposées par Washington.
(3) C’est un accord de coopération signé entre son parti « Vente» et le « Likoud »le 21 juillet 2020
(4) Ignacio Ramonet : Journaliste, ancien directeur du mensuel Le Monde Diplomatique , il est actuellement directeur de son édition espagnole et président de l’Association Mémoire des luttes
Sources :
Investig’action ( https://investigaction.net/)
Telesur (www.telesurtv.net )
Mémoire des luttes ( www.medelu.org)
Le vent se lève ( lvsl.fr))
MS21 (www.ms21.org)
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