Que faut-il penser des déclarations de la CES, CSI et celles de la CGT et FO?

Que faut- il  penser des communiqués de la CES et de la CSI ?. C’est bien la première voie que ces organisations s’expriment sur un mouvement revendicatif en France, plus encore en manifestant un soutien à la lutte. Cela n’est évidemment pas indifférent à la puissance de la grève comme des manifestations, au large soutien de l’opinion française et au rejet massif de la prétendue « réforme » de notre système de retraites que Macron, son gouvernement, le patronat, la CFDT et l’Union européenne veulent imposer par la force. Toutefois, il faut noter que les deux déclarations CES et CSI divergent sur la forme et le fond, du moins en apparence.

Dans le cas de la CES, la déclaration en anglais sans aucun doute sous la dictée de Laurent Berger son Président est un soutien explicite à la CFDT et à la réforme par points. Elle reprend  les objectifs de la CFDT et apporte exclusivement son soutien à la grève du 17 décembre. Elle ignore délibérément le fait que des travailleurs sont en grève et manifestent depuis le 5 décembre à l’appel principalement de la CGT et FO membres toutes deux de la CES et de la CSI. Il y a là, outre l’humilIation à leur égard , la confirmation d’une forme d’annexion de la CES par la CFDT et une forme d’OPA de celle-ci sur ce mouvement revendicatif sans précédent, en cherchant à se l’approprier. Selon cette déclaration, les travailleurs lutteraient donc pour un système à points défendu par la CFDT et Macron et refuseraient l’age pivot à 64 ans. A ce sujet la rencontre du 19 décembre d’Edouard Philippe avec les syndicats confirme le scénario mise au point entre Laurent Berger et le gouvernement pour une illusoire sortie de la crise sociale. La CES y apporte un soutien très clair. Les travailleurs en grève dont les sacrifices sont particulièrement pénibles dans cette période de fêtes, apprécieront et condamneront cette attitude méprisable.

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Dans le cas de la CSI, si cette déclaration apparaît comme inattendue, elle est aussi un prolongement de son récent congrès. Celui-ci fut  marqué par la division et une bataille de pouvoir pour le contrôle de l’organisation entre certains syndicats européens comme la CFDT, la CGT, la CGIL italienne , les Commissions ouvrières espagnoles alliés à certaines confédérations latino américaines et les confédérations Anglo saxonnes, notamment britannique, nord américaine, et australienne. Ces dernières l’emportèrent en conservant le contrôle de l’organisation . Toutefois et à la fin du congrès, tout le monde se retrouva sur une seule orientation, celle d’un syndicalisme international institutionnalisé, bureaucratique, de collaboration de classes, tout comme la CES dépendant  financièrement des gouvernements, des entreprises et des institutions et fondations internationales. Cette déclaration de la CSI est donc et en quelque sorte une réponse de la bergère au « Berger ». Plus fondamentalement cela ne change pas grand chose car qu’elle peut être la valeur des mots sans l’engagement concret,  sinon que cela illustre l’impasse dans lequel se trouve ce syndicalisme qui refuse de confronter le capitalisme et ses projets de domination impérialiste. Dans ce cas, on appréciera la différence qui existe entre un syndicalisme de déclarations et celui si nécessaire d’un présence physique et combative sur le terrain aux côtés des travailleurs en lutte comme l’illustre la FSM et ses affiliés.

Dans leurs cas , CGT et FO ont voulu à travers une déclaration interpeller fermement la direction de la CES et mettre en évidence la différence de comportement de la CSI à leur égard. On peut comprendre leur dépit, mais on ne s’étonnera pas de la constance de la CES et de ses silences répétés au moment des luttes contre la loi travail, de la grève des cheminots et énergéticiens contre la privatisation et le démantèlement de l’entreprise publique ou encore vis-à-vis des gilets jaunes ou de la répression de masse voulue par Macron pour casser la détermination de ceux en lutte. Sur ces différents événements et malgré de nombreuses interpellations de syndicats, CGT et FO ont continué  à faire comme si de rien n’était.

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Tout cela réduit à néant les arguments de la direction de la CGT au 52e congrès comme à celui de la CES quelques jours plus tard pour justifier  son attachement à celle-ci et apporter son soutien à Laurent Berger pour son élection comme Président de la Confédération syndicale européenne . On se souvient que cette entente cordiale fût confirmé  à travers une interview conjointe Martinez/Berger et une prise de position commune en faveur d’une union sacrée à la veille des élections européennes  . Cela met en évidence, une fois de plus la contradiction qui existe entre les choix en faveur de la politique européenne que soutiennent CES et CFDT mais aussi la CGT et les conséquences socialement désastreuses que cela entraîne pour les travailleurs et leurs familles. Cela montre également la nocivité  de la position qui consiste à maintenir une forme d’ostracisme à l’égard de la FSM dont l’important soutien, à travers de multiples initiatives de solidarité dans le monde et en particulier en Europe sont délibérément ignoré et censuré  par la direction de la CGT. Cette attitude sectaire est devenue totalement dérisoire, tant elle nie les réalités et va à contre courant du besoin de solidarité internationale qu’expriment les travailleurs. Il y a urgence depuis les syndicats d’entreprises à en tirer les conséquences.

Il est donc important de faire la clarté sur le fond des choses et ne pas se satisfaire des apparences. Il faut demander des comptes et ne pas entretenir d’illusions. Ces deniers années  ont a beaucoup parlé du contenu et du sens qui doit être donné à un syndicalisme international souvent inaudible et sans grande crédibilité face à la mondialisation néo libérale. Comme toujours les luttes sont un excellent révélateur des limites de l’action des uns et des autres. Cela justifie non seulement les clarifications nécessaires mais par dessus tout partant de l’expérience faire en sorte de prendre les décisions qui permettent de donner toute son utilité et efficacité au syndicalisme international et à un véritable contenu de classe de la solidarité.

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Jean-Pierre Page


The European Trade Union Confederation (ETUC) supports French trade unions in their protests on 17 December.

The ETUC invites the French Government to consult, and take into account, the proposals of the French unions.

The French unions are unanimous in opposing any increase in the pension age and cuts in pension levels.

ETUC General Secretary Luca Visentini said “The ETUC fully supports the French unions in their huge protests today. Cuts in workers’ pension rights and increased working age, without taking into account very stressful or physically demanding jobs, are problems across Europe. The French unions and workers are right to defend their interests and are sending a signal to Governments across Europe that workers’ pension rights cannot be discarded.”

La CSI a quant à elle pondu un communiqué le 9 décembre :