Des politiques criminelles mettent le feu en Grèce, en Turquie et à Chypre

Aug. 9, 2021

Nous publions ci-dessous la déclaration publique de la campagne Kasma birak / Μας σκάβουν τον λάκκο à propos des incendies de forêt qui brûlent actuellement certaines parties de la Grèce, de la Turquie et qui ont ravagé une partie de l’île de Chypre. La campagne Kasma birak / Μας σκάβουν τον λάκκο a été initiée par 68 organisations environnementales et sociales des 3 pays, pour lutter contre les extractions et le bellicisme.

Nous avons besoin de camions, de pompiers et d’avions, de solidarité, pas de plus de matériel militaire.

Depuis le début du mois de juillet, à Chypre, en Grèce et en Turquie, des incendies catastrophiques ont brûlé des milliers de kilomètres carrés de zones forestières et des régions entières. À ce jour, le bilan est de 4 morts à Chypre, 8 morts en Turquie, 1 mort en Grèce et des milliers de blessés et de personnes déplacées dans les trois pays, sur 547 kilomètres carrés en Turquie, des centaines de milliers en Grèce et plus de 55 kilomètres carrés à Chypre ; et les incendies se poursuivent.

Les températures élevées dans la région, dues à la crise climatique, créent des conditions où il est très facile pour un incendie de se déclencher. Cependant, ce n’est pas la raison pour laquelle les incendies se propagent. Les gouvernements devraient être prêts à faire face à toute éventualité, mais ils ne le sont pas.

Les coupes budgétaires de ces dernières années dans les services de lutte contre les incendies dans les trois pays ont laissé les rares pompiers sans les ressources nécessaires pour faire face aux incendies d’été, même ordinaires.

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Le cas le plus typique est celui de la Turquie où, bien qu’il y ait 8 avions de lutte contre les incendies, aucun d’entre eux n’est actuellement actif et prêt à voler en raison du manque d’entretien adéquat, de protection et… de personnel !

En Grèce, les incendies ont été répandus sur un front de plusieurs dizaines de kilomètres, détruit d’immenses zones forestières et pénétré dans des zones résidentielles alors que le vent n’était au départ que très faible. Des dizaines d’avions anti-incendie ont été cloués au sol à cause de dommages. Dans l’ensemble, le corps des pompiers dépend principalement de dons privés pour renouveler sa flotte, tandis que son épuisement massif pendant la période des mémorandums est « rafistolé » par des travailleurs contractuels, sans qu’aucun recrutement permanent réel n’ait été effectué.

À Chypre, bien que le gouvernement affirme que les dépenses aient augmenté de 42 %, les forces mobilisées étaient trop faibles pour l’ampleur de l’incendie qui a éclaté début juillet, tant en véhicules qu’en personnel, et les deux avions de pompiers que le gouvernement avait promis d’acheter depuis 2016 n’ont pas été achetés.
Jeu d’impressions avec l’entraide, mais en pratique rien.

Ces derniers jours, la Grèce et la Turquie ont joué à un jeu d’impressions concernant l’aide qu’elles enverraient, n’enverraient pas, demandée ou non, l’une à l’autre. La République de Chypre a refusé de recevoir l’aide de la partie nord de Chypre et a laissé brûler des zones entières jusqu’à ce que l’aide arrive de Grèce, d’Israël et d’Italie. Le nationalisme des classes dirigeantes coûte à nos forêts, à nos maisons et à la vie des gens et des animaux.

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La demande dans les trois pays est commune : Investir dans la lutte contre les incendies et dans la prévention, pas dans la police et l’armée !

Recep Tayyip Erdogan possède 13 avions privés. La Turquie, qui produisait jusqu’à récemment des véhicules de pompiers, produit désormais des drones militaires. En Grèce, au lieu d’équiper les pompiers ces derniers mois, le gouvernement n’a cessé d’acheter de nouveaux véhicules pour la police, sans parler des milliards dépensés en Rafales français (avions militaires) pour protéger l’extrcation du gaz. Et Chypre a acquis ces dernières années ses premières « arroseuses », investissant ainsi dans la suppression des mouvements plutôt que dans la lutte contre les incendies !

Dans les trois pays, des milliers de citoyen.ne.s ont vu leurs biens détruits, des milliers ont été abandonné.e.s dans les rues, des milliers d’animaux ont été brûlés vifs. Des dizaines de milliers d’hectares de forêts précieuses ont été perdus.

Nous sommes solidaires aux victimes des incendies dans ces trois pays.
Dans les trois pays, l’ennemi est commun : ce sont les politiques néolibérales et le nationalisme, ainsi que l’armement militaire pour défendre les intérêts des capitalistes/multinationales, même si cela signifie laisser brûler nos forêts et nos villages.

Nous exigeons un renforcement immédiat de la prévention, et le renforcement des services d’incendie et des services forestiers, et non de la police et de l’armée !
Aide mutuelle et solidarité ! Dans la lutte contre la catastrophe, il n’y a pas de place pour le nationalisme et les jeux diplomatiques.

De l’argent pour soutenir ceux qui ont perdu leur logement et des allocations pour les aides à restaurer leurs maisons.

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Protection des zones forestières brûlées. Pas d’activité d’investissement et d’expansion résidentielle dans les zones brûlées.

Nous nous battons pour une société où l’environnement et les vies, humaines et animales, passent avant les profits.

https://www.cadtm.org/Des-politiques-criminelles-mettent-le-feu-en-Grece-en-Turquie-et-a-Chypre