CQFD n°175 (avril 2019) – CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales

Articles

  • > Ni Dieu, ni maître, ni mari, rubrique par Noël Godin

    Le bouquin « Dix petites anarchistes » raconte les aventures de dix impétueuses pétroleuses qui s’en vont bâtir au bout du monde une communauté idyllique où régnerait « l’anarchie à l’état pur ». Sous leurs dehors débonnaires, la plupart des écrivains utopistes ne se révèlent pas seulement raseurs, rasants et rasoirs. Pas seulement, jambon à cornes ! Ils affichent extrêmement vite aussi leurs tendances despotiques. C’est que s’ils nous souhaitent plein de bonnes choses dans un monde joliment ré-échafaudé, (…)

  • > « La Zad est âpre et magique », rubrique par Bruno Le Dantec, illustré par , illustré par

    Thomas Azuélos et Simon Rochepeau viennent de commettre La Zad, c’est plus grand que nous (éd. Futuropolis), une BD sur Notre-Dame-des-Landes qui échappe aux pièges de la langue de bois. Récit choral, elle montre l’exceptionnalité de la situation et les contradictions qui traversent toute lutte de défense d’un territoire. CQFD a cuisiné l’ami Thomas. Qu’est-ce qui t’a poussé vers la Zad ? « L’idée est de Simon. On y a vécu quelques semaines et ç’a été comme un coup de foudre. Là-bas, tout est lié : les (…)

  • > Mathieu Rigouste : « La répression conditionne la vie quotidienne des gens dans les quartiers ségrégués », rubrique par Emilien Bernard, illustré par

    C’est peu de dire que le maintien de l’ordre à la française a été bousculé ces derniers mois : répression accrue, blessures en rafales, discours guerrier voire martial… Si cela ne comble pas le fossé avec les banlieues en matière de terreur policière, un glissement s’est indéniablement opéré. On le décrypte avec Mathieu Rigouste, auteur notamment de La domination policière : une violence industrielle et d’État d’urgence et business de la sécurité . Une digue semble avoir sauté en matière de répression. (…)

  • > Alger United, rubrique par Mickael Correia, illustré par

    Dignes héritières de la lutte anticoloniale dans les clubs de foot, les tribunes des stades algériens sont un laboratoire de la contestation du régime depuis plus d’une décennie. Avec leurs chants protestataires et des slogans hostiles au pouvoir, les supporters sont devenus un des fers de lance des manifestations contre le clan Bouteflika. Au point que l’hymne du mouvement est une chanson venue tout droit des gradins. Reportage à Alger au plus près de ces fans, à l’heure où se prépare un derby (…)

  • > Revenir à Noailles par Dominique Carpentier, illustré par

    Le 5 novembre 2018, l’effondrement de deux immeubles de la rue d’Aubagne causa huit morts, comme autant de marques indélébiles sur le quartier de Noailles. Mais la secousse n’en finit pas de toucher les habitants du Marseille populaire, expulsés comme des fautifs de leur logement insalubre, après des années d’inertie municipale. Témoignage d’un habitant nostalgique du foisonnement de son immeuble, Tour de Babel décrépite. Mars 2019. Voilà deux mois déjà que nous avons été délogés. Un matin de janvier, (…)

  • > Lire au Fouquet’s, rubrique par Christophe Goby

    Où il est notamment question des derniers livres de Clémentine Autain et de Pinar Selek… Ah ! Ça va pas être gai ce mois-ci pour vos petites manies de lecteurs engoncés dans les fauteuils moelleux du Fouquet’s. Les ronds de serviettes et couverts en argent sont partis dans les poches des gueux. Vous allez pouvoir chialer, tel un Yannick Jadot voyant un Gilet jaune armé d’un litre de bioéthanol foncer vers lui pour lui foutre le feu, avec le beau livre de Clémentine Autain. La députée Insoumise, (…)

  • > « Gaudin, Bouteflika, dégagez ! », rubrique par Christophe Goby, Clair Rivière, illustré par

    Face à Alger, un homme tape sur son tambour et les plus jeunes exultent. Dimanche 17 mars, vent et soleil, c’est le rassemblement anti-Bouteflika sur le Vieux-Port. Marseille, « la 49e wilaya », comme se plaisent à dire les Algériens de la ville. Marseille où ils sont depuis si longtemps. Face à Alger, un homme tape sur son tambour et les plus jeunes exultent. Dimanche 17 mars, vent et soleil, c’est le rassemblement anti-Bouteflika sur le Vieux-Port. Marseille, « la 49e wilaya », comme se plaisent (…)

  • > Un mois dans l’Algérie des marches, rubrique par Margaux Wartelle, illustré par

    Depuis le 22 février, les manifestations sont presque devenues une routine dans les rues algériennes. Vu de haut, on observe la foule, immense, venue dénoncer un régime corrompu depuis des décennies. Vu de près, on découvre la joie, la détermination et l’humour. Tentative subjective de restitution chronologique. En un mois en Algérie, on n’aura rencontré qu’un seul « pro-Boutef ». Ce fut dans un taxi, le 21 février, la veille de la première manifestation. Djamel vantait du doigt les nombreux logements (…)

  • > En Algérie, le manifeste du rire, rubrique par Malik Cheklalia, illustré par

    Quand la politique est une blague, la blague devient politique. Ces dernières semaines en Algérie, l’humour, « brandi » dans les manifestations ou véhiculé sur les réseaux sociaux, est une forme d’expression privilégiée du ras-le-bol et de l’exigence d’un changement politique effectif. « Un mandat ce n’est un pas un match de foot avec des prolongations » ; « Le système m’a tuer » ; « Nous voulons un formatage, pas une mise à jour du système ». Dans les cortèges algériens, l’humour se veut décapant. Comme pour (…)

  • > Facebook la poucave, rubrique par Serge André, illustré par

    Comme lors des printemps arabes, on a beaucoup glosé sur la symbiose entre Gilets jaunes et réseaux sociaux. Si les plates-formes numériques ont pesé dans la structuration du mouvement, elles ont aussi fourni le biscuit aux flics et aux juges. Acte XVIII à Paris, il y était Max . Le trajet depuis Perpignan fait la veille. Et samedi 16 mars, dès la matinée, chaud patate pour la manif dans les rues de la capitale. Sauf que pour rejoindre les jaunes, il doit d’abord passer un cordon de bleus. Et Max, (…)

  • > Atomic Blues par Daniel Paris-Clavel, illustré par

    L’ami Roland Oldham, fondateur de l’association polynésienne Moruroa e Tatou (« Moruroa et nous ») défendant les victimes des essais nucléaires, est décédé à 68 ans dans la nuit du 15 au 16 mars dernier. Sa mort, d’un terrible cancer des os, est directement imputable à la politique militaire et coloniale française qui fit exploser 193 bombes en Polynésie de 1966 à 1996. En mars 2016, juste après la visite de François Hollande à Tahiti, CQFD avait publié un poignant entretien avec Roland (« Paradis sous les (…)

  • > Voyage au centre de l’indécence crasse, rubrique , rubrique par Emilien Bernard

    Au départ, on avait prévu de faire une recension des dernières déclarations politiques et médiatiques les plus atterrantes en matière de répression. Brut. Cash. Un cocktail peu ragoûtant de Brice Couturier et de BFM, de Castaner et de Royal . Problème : il y en avait trop, ça débordait de la fosse septique, à tel point qu’on aurait pu remplir tout le journal de ces saillies liberticides. Du coup, il a fallu resserrer, angler à la pro. Et quel meilleur exemple de la libération d’une parole puante et (…)

  • > FLN dégage !, rubrique par Nedjib Sidi Moussa, illustré par

    Depuis le surgissement du 22 février, le slogan « FLN dégage ! » a été largement repris par les manifestants, au point d’être aussi populaire que « Klitou lebled ya serrakine ! » (« Vous avez mangé le pays, bande de voleurs ! ») ou « Echaâb yourid isqat ennidham ! » (« Le peuple veut la chute du régime ! »), mettant ainsi la contestation algérienne au diapason des « printemps arabes » tant décriés par le régime depuis 2011. Dans ce texte, l’historien Nedjib Sidi Moussa revient sur la confiscation du pouvoir par (…)

  • > « Les Gilets jaunes m’ont apporté une paix intérieure et un gros bordel dans ma tête », rubrique par Lady Pyélo, illustré par

    « Gilets jaunes, quel est votre métier ? – Ahou ahou ! », répond à pleine gorge ma mère en tête de cortège de la manifestation toulousaine, ce samedi d’Acte XVIII. Quelques minutes plus tard, je l’entends gueuler le sourire aux lèvres : « Il fait beau, il fait chaud, sortez les canons à eau… » Et quand on passe devant les CRS qui gardent farouchement l’entrée de la Chambre de commerce, elle beugle sourcils froncés : « Tout le monde déteste la police ». OK. Il y a quelque chose qui a bougé. Et ça a l’air (…)

  • > « La jeunesse algérienne a transformé notre cynisme en espoir », rubrique par Margaux Wartelle, Mickael Correia, illustré par

    Avec 1994 (Rivages, 2018), Adlène Meddi exhumait le souvenir de la décennie noire dans un thriller sentant le vécu. C’est dire si le journaliste et romancier algérien a saisi combien le spectre des violences des années 1990 hante encore la mémoire collective du pays. Un traumatisme qui explique la nature inédite du mouvement en cours contre le régime. Entretien à Alger, au lendemain de la manifestation du vendredi 15 mars. Quel est ton regard sur les manifestations actuelles ? « Pour tout avouer, (…)

  •  > Au sommaire du n°175, rubrique par l’équipe de CQFD

    En couverture : « Printemps algérien : “Sortez le régime !” » (illustré par Maïlys Vallade). Quelques articles seront mis en ligne au cours du mois. Les autres seront archivés sur notre site progressivement, après la parution du prochain numéro. Ce qui te laisse tout le temps d’aller saluer ton kiosquier ou de t’abonner… Gilets jaunes Gilets jaunes et réseaux sociaux – Facebook la poucave > Comme lors des printemps arabes, on a beaucoup glosé sur la symbiose entre Gilets jaunes et réseaux sociaux. Si (…)

  • > Un silo de sucre et de dédain par Eric Louis, illustré par

    Le 13 mars 2012, Vincent Dequin, 33 ans, et Arthur Bertelli, 23 ans, cordistes, meurent ensevelis sous des tonnes de sucre. Le 11 janvier 2019 s’ouvre le procès de leur accident au tribunal correctionnel de Reims. Sur le banc des prévenus, deux personnes physiques : Michel Mangion et David Duval, respectivement chefs d’établissement des entreprises Cristal Union et Carrard Services, son prestataire. Et deux personnes morales, ces mêmes entreprises, représentées par leurs avocats. Après sept ans (…)

  • > En Algérie, « on assiste à une reconquête poétique de la rue », rubrique par Emilien Bernard, illustré par

    Entretien avec Sarah Haidar, jeune écrivaine algérienne libertaire et féministe, souffleuse de braises ravie de voir le feu se propager. Cet entretien est la version allongée d’une interview publiée dans le numéro 175 de CQFD, tout juste sorti en kiosques et dont le dossier est consacré à l’Algérie et à ce qui y bout. *** Au moment de reposer La Morsure du coquelicot, le regard s’égare, scrute la pièce à la recherche d’une arme, d’une barricade, d’un poème Molotov. De ce roman balistique décrivant un (…)

  • > « Vous ne pouvez pas nous tuer, vous êtes déjà morts ! », rubrique par Mathieu Léonard, illustré par

    En dépit des manœuvres du clan du pouvoir en Algérie consistant à retirer la candidature de Bouteflika pour se maintenir en place, la mobilisation n’a pas faibli. Depuis le 22 février, des millions d’Algériens et d’Algériennes se réapproprient l’espace public chaque vendredi à travers tout le pays. Par sa maturité, sa détermination, son humour, sa jeunesse, sa mixité, sa douceur, le mouvement contre le cinquième mandat a réussi à secouer un régime opaque et corrompu, incapable de préparer la succession de (…)

  • > Dieu existe, il squatte notre local, rubrique par l’équipe de CQFD

    Franchement, on est des warriors de l’enfer. Z’imaginez pas. Sortir un canard tous les mois avec une équipe de bras cassés de ce niveau, c’est limite miraculeux. Et qu’on tienne depuis 175 numéros, c’est sans doute la meilleure preuve qu’un Dieu veille sur les éclopés – un genre de grand morse céleste affalé sur les nuages, toisant l’agitation terrienne en tirant sur son joint. Le présent numéro a ainsi traversé diverses tempêtes des plus agitées. Parmi les avaries : notre graphiste de choc a été (…)

  • > Le prix de la révolte, rubrique , illustré par
  • > Sauce barbecue, rubrique par l’équipe de CQFD

    « Il est dans un état… Il est sous l’eau », s’alarme un familier. « Rincé », « essoré », s’affolent d’autres. « Il a perdu la queue du Mickey, il n’arrive plus à l’accrocher », constate un ami. Un de ses « textoteurs du soir » va plus loin : « On n’est pas loin du burn-out. ». Une « petite main » abonde : « Heureusement qu’il est maquillé, sinon on verrait à quel point il est crevé… (Le Parisien du 30/03/2019) » On sait que Boutef, moufle usée dans laquelle s’agite la baronnie kaki algérienne, n’est pas au mieux de sa (…)

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