Selon le président de l’Eurogroupe, les Grecs ont dépensé « tout leur argent dans l’alcool et les femmes »

Président de l’Eurogroupe et ministre des Finances des Pays-Bas, Jeroen Dijsselbloem a fustigé les pays du sud de l’Europe qui, selon lui, ont eu le culot de « dépenser tout leur argent dans l’alcool et les femmes, pour ensuite demander de l’aide ». Cette sortie amène devrait être particulièrement appréciée en Grèce, surtout au sein des classes populaires et précaires, qui se sont quelque peu élargies depuis le début de la crise. La perle d’euro-comptoir provient d’une interview accordée par le responsable social-démocrate néerlandais au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (20 mars).

M. Dijsselbloem, dont le Parti travailliste a perdu 27 sièges sur 36 lors des élections du 15 mars dernier, hypothéquant sérieusement ses chances de conserver son poste de ministre, refuse pour l’instant de céder aux demandes de démission, venant notamment d’Athènes et de Lisbonne. Il ne semble pas non plus disposé à présenter des excuses. Être reconduit à la tête de l’Eurogroupe (son mandat prend fin en janvier 2018) s’annonçait déjà difficile avant cette envolée verbale, le chemin va se couvrir de nouvelles embûches pour ce Monsieur Austérité. D’où l’importance de bien choisir ses « éléments de langage » et de s’abstenir de dire tout haut ce que l’on pense tout bas. Quel manque de professionnalisme…

Président de l’Eurogroupe depuis 2013, ce haut responsable néerlandais est également chargé de la supervision de la zone euro par les ministres des Finances de ses États membres. Il s’est notamment occupé des « plans de renflouement » – et donc de l’imposition des politiques d’austérité – en Grèce et au Portugal. M. Dijsselbloem est sur la même longueur d’ondes que Wolfgang Schäuble (son homologue allemand) en ce qui concerne la discipline budgétaire, l’Eurogroupe s’étant montré particulièrement ferme sur ce point, ajoutant régulièrement de nouvelles exigences à Athènes.

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Pour ne pas déformer les propos du président de l’Eurogroupe, il convient de reproduire plus largement le passage de l’interview dans lequel il s’en prend aux fêtards irresponsables du sud : « Durant la crise de l’euro, les pays du nord ont montré de la solidarité avec les pays touchés par la crise. En tant que social-démocrate, je donne beaucoup d’importance à la solidarité. [Mais] il y a aussi des obligations. On ne peut pas dépenser tout l’argent dans l’alcool et les femmes, pour ensuite demander de l’aide. »

On notera l’indulgence (coupable) de M. Dijsselbloem pour les abstinents – en alcool et en femmes –, qui ont forcément trouvé un autre moyen de dilapider leur argent. Et pourquoi épargner ainsi les femmes grecques, du moins celles qui sont hétérosexuelles ?… Les services de l’Eurogroupe ne devraient pourtant pas avoir de mal à établir qu’elles sont tout autant cigales que les imbibés portés sur le sexe féminin.

Il est temps que M. Schäuble reprenne en main son collègue néerlandais qui se laisse manifestement attendrir par l’indolence méditerranéenne.