L’Italie et ses multiples dangers | Par Danielle Riva

Les élections nationales italiennes pour le renouvellement du Sénat, de l’Assemblée nationale, et deux élections régionales, (non des moindres, la Lombardie, Milan, et le Lazio, Rome), sont fixées au 4 mars 2018.

Après plusieurs réformes de Berlusconi (Forza Italia) et la dernière mise en œuvre par Renzi (Parti démocrate), le « rosatellum » qui innove un système électoral « mixte », il est clair que le système à la proportionnelle totale hérité de la libération en 1946, si spécifique à l’Italie et si démocratique, ne convient plus aux politiciens qui rêvent de majorité absolue et d’un gouvernement « fort » pour faire passer les « réformes », à l’image de Macron et ses ordonnances.

La nouveauté c’est que les candidats ayant obtenu la majorité des voix seront élus à un seul tour, pour 37% des sièges (Chambre et Sénat). 61% des sièges à la proportionnelle, au niveau national pour la Chambre et pour le Sénat au niveau régional, entre les différentes coalitions et partis candidats, en fonction de seuils minima : supérieur à 3% (Chambre et Sénat). Plus un bonus de 10% pour les coalitions qui dépasseront les 3% ; un seuil de 20% pour les listes à caractères linguistiques se présentant dans leurs régions spécifiques plus ou moins autonomes (Trentin Haut Adige, Frioul Vénétie julienne, Val d’Aoste, Sardaigne, Sicile, etc.). Enfin, 2% des sièges pour les votes par correspondance des Italiens qui résident à l’étranger. Ouf !

Les forces en présence. Il y a eu quelques changements depuis les élections de 2013, avec l’entrée fracassante du M5S dans le paysage politique, qui confirme le fait d’être devenu la première force politique de l’Italie (estimé pour 2018 autour de 26/29%). Et un retour inattendu du centre droit de Berlusconi/Lega (2018 : plus ou moins 36%, 29,18% en 2013). Ce n’est pas Forza Italia qui regonfle sa voilure (2018, autour de 16%, contre 21,56% en 2013), mais un rebond de la Lega du Nord, estimée autour de 14% (qui dépasse son meilleur score de 1996 :10% et celui en 2013 4,09%). La coalition de « centre gauche » passerait en 3ème position (27% – contre 29,55% en 2013) avec une légère baisse du Pd de Renzi : de 25,4% en 2013 à 22/24%. Le taux d’abstention, assez fort pour l’Italie, se situerait entre 30/35%.

Bien qu’il ne s’agisse que de prévisions, même si les résultats peuvent être partiellement autres, il n’en reste pas moins que l’analyse de la période est relativement simple. L’apparition du M5S a bouleversé le champ électoral et politique avec le « ni droite/ni gauche » – qui a fait flores en France tant du côté de Macron que de celui de JL Mélenchon – et pour qui les partis politiques « traditionnels », et la « casta » souvent corrompue, ne répondent plus à la société actuelle qui serait en « mouvement » perpétuel. Ces votes pour le M5S sanctionnent l’échec de la politique d’austérité ordo libérale menée par Renzi et les autres gouvernements, même si le M5S manœuvre d’une manière plutôt ambigüe son « ni droite/ni gauche ».
Tout, comme le regain d’influence pour le centre droit, et surtout pour ses éléments les plus droitiers, reflète le climat délétère qui commence à régner en Italie, où l’on voit une extrême droite, fasciste, raciste, homophobe et sexiste se réarmer politiquement (Casa Pound)

L’Italie a plusieurs maux

• La situation sociale et économique générée par la gestion Renzi est assez catastrophique.

Le travail précaire et la loi du Jobs’Act. Le dernier rapport du Ministère du travail a fait état d’un développement de la précarité. « Les contrats de travail de courte durée n’ont cessé de croître depuis 2003 jusqu’à atteindre le record historique de 2,7 millions travailleurs. Plus de 500000 travailleurs ont des contrats très courts. Le chiffre moyen est de 12 jours mais 58% sont des contrats inférieurs à 6 jours et 33,4% des contrats pour une seule journée », « le taux d’emploi des 15-34 ans est toujours de 10,4 % inférieur au niveau de 2008 ».
La loi du Jobs‘Act de Renzi qui devait donner du travail aux jeunes n’a pas amélioré leur situation ni la situation de l’emploi en général.

Les chiffres de l’économie ne sont pas bons. Et surtout, ceux de l’endettement à hauteur de 130% du Pib, qui fait de l’Italie le quatrième pays le plus endetté derrière le Japon, le Zimbabwe et…, la Grèce. L’Italie, les pays du sud de l’Europe et la France, sont pris au piège de l’euro. Ils ne peuvent plus jouer avec la dévaluation de leurs monnaies faibles, une certaine souplesse temporaire, pour rétablir les équilibres.

Ensuite, l’Italie est le pays champion de « l’économie souterraine », qui « échappe au contrôle de l’Etat » et serait estimée entre 255 et 275 milliards d’euros : entre 16,3% et 17,5% du Pib, provenant en grande partie de l’évasion fiscale (1er pays d’Europe et 3ème de l’OCDE). Elle « offre », toutefois, une possible petite marge de rééquilibrage si le gouvernement en avait la volonté politique. Autre particularité transalpine : le crime organisé : 7% du Pib, et qui est réellement combattue.

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Et suscitent l’ire allemande. Après avoir détruit la Grèce, l’UE et l’Allemagne se focalisent maintenant sur l’Italie. « L’Italie a besoin de réformes radicales comme en Grèce ». Les économistes et les banques d’investissement allemands préviennent ainsi les électeurs italiens : « peu importe qui gagne, vous aurez les réformes structurelles » (Timo Schwietering, analyste chez Bankhaus Metzler rapporté par Die Welt). Et un autre économiste de chez Bantleon Banque de préciser : « L’Italie est le seul pays de la zone euro dont la prospérité a diminué depuis l’introduction de l’euro. Ceci est principalement dû au fait que le pays n’a pas encore réalisé les ajustements aux nouvelles conditions prévalant dans la zone euro ». (cité par Stefano Porcari, Contropiano, 27/01/2018).

• Les coalitions électoralistes ne sont que le reflet d’un émiettement toujours plus grand des forces politiques italiennes.

La fin de la « Première République » (1946-1948/1993), a signé la fin du bipartisme : Démocratie italienne/Parti communiste italien. L’Italie, depuis, vit au rythme des « coalizione » qui se font et défont en fonction de la situation du pays et des ambitions des uns et des autres. Cette « coalitionite » n’est pas à la taille de la GroKo germanique des grands partis. Mais elle pousse toutes les forces politiques italiennes, de la droite à l’extrême gauche en passant par le centre, à former des alliances pour trouver une majorité de principe.
Coalizione di centro-destra : Silvio Berlusconi (Forza Italia, conservatisme libéral), Matteo Salvini (Lega, fédéralisme, nationalisme, populisme de droite, euro sceptique), Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia conservatisme nationaliste) e Raffaele Fitto (Noi con l’Italia et UdC, conservatisme libéral, chrétien démocrate) et le mouvement animaliste de la Brambilla (ex-ministre de la culture de Berlosconi).

Coalizione di centro-sinistra : Matteo Renzi (Partito Democratico, social éformiste européiste), Beatrice Lorenzin (Civica Popolare,chrétien démocrate conservatisme social), Emma Bonino (plus d’Europe, centre européisme libéral) e Giulo Santagata (Italia Europa Insieme, social libéral environnementaliste).

Et côté gauche radicale :
LA nouvelle mini coalition : Potere al popolo. Cette liste est née du rassemblement, à partir d’une centaine d’assemblées, qui se sont tenues ces derniers mois, de militants à l’avant-garde des luttes anti libérales et anticapitalistes. Elle veut répondre à la crise de la gauche radicale exclue de la bataille électorale par la loi Berlusconi. Elle est soutenue par une soixantaine de petites formations issues des ruptures successives de la gauche radicale, socialiste, communiste (par ex. Rifondazione communista, issue d’une scission du Parti des Communistes Italiens PdCI), et de l’éco socialisme. Elle a construit son programme à la manière de la France Insoumise (moins sectaire que JLM qui refuse toute alliance) avec qui elle entretient des contacts comme avec die Linke, et Corbyn.
Per una sinistra rivoluzionaria, communiste, féministe et surtout trotskiste (4ème Internationale), véritable copié/collé du NPA Français, fait toujours cavalier seul et devra se disputer les voix avec Potere al popolo.
Enfin une kirielle de petites listes résidus des diverses « refondations » de la gauche : Liberi e uguali, de Pietro Grasso ex dirigeant du Pd (gauche éco socialiste estimée autour de 4/5%) le Partito communista (séparé du PdCI – parti des communistes italiens, orthodoxie marxiste-léniniste), le Parti républicain italien, etc.

AU centre le « ni-ni » du M5S de Luigi Di Maio (populisme, euro sceptique, démocratie directe) se présente seul.

Et la dangereuse Casa Pound de Simone di Stefano qui radicalise l’extrême droite.

Sans parler des listes à caractères très régionalistes dans les territoires confetti donnés à l’Italie après l’éclatement de l’empire Austro-Hongrois en 1914/1918.

Toutes ont l’ambition d’arriver aux 3% qui leur donnerait accès à la représentation politique.

• La menace d’être traitée comme la Grèce fait elle peur aux dirigeants italiens ? Les programmes des coalitions et partis principaux répondent-ils à la situation économique ? Et

Oui et non, car l’Italie est la 4ème puissance économique de l’Europe (la 3ème avec le départ de la Grande Bretagne) et la 8ème au niveau mondial. Elle est « to big, to fail ». Si elle tombe, elle sera suivie par l’Espagne et la France et ce sera la Fin de l’UE. Mais les dirigeants Italiens font quand même « Bella figura », belle figure à Merkel et à l’Allemagne, avec qui ils partagent le même allant pour la « réforme et l’ordre libéral ». Berlusconi, contre toute attente, est même récemment devenu l’ami de Merkel ! En fait, même avec des réserves, si le cœur de l’Allemagne semble balancer entre Berlusconi et Renzi, elle félicitera celui qui répondra à ses vœux de réforme totale (privatisation de tout ce qui reste encore public ou « commun »). Il sera adoubé par la France et l’Allemagne et prendra place peut-être un jour, comme le voudrait l’Italie, aux côtés du couple directeur Franco-allemand. Après tout l’Italie, est le troisième « père fondateur » de l’U.E, et elle ressent cette exclusion.

Le programme du centre droit, outre le radotage habituel : « révision des traités européens », « plus de politique et moins de bureaucratie en Europe » – en des termes assez vagues pour Berlusconi qui a toujours fustigé « l’euro » et « l’Europe » – a pour essentiel une réforme fiscale basée sur l’introduction d’une flat tax (impôt à taux unique). Car Berlusconi a repris la main en se montrant « plus européen » : « Réduction de l’endettement pour le porter à 100% du Pib en 5 ans (!). « Un grand plan de privatisation pour finaliser la réduction de l’endettement ». (Matteo Bortolon, Il Manifesto, 10/02/2018). La Lega pour sa part, outre son programme classique d’autonomie fiscale pour le Nord et ses diatribes contre l’immigration clandestine (dont le travail permet à son électorat de petites PME familiales du Nord de bien s’en tirer économiquement), s’affirme plus sociale en maintenant la retraite après 41 ans de cotisations, et « un revenu de dignité » contre la pauvreté.

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Renzi (Pd) a lancé sa campagne électorale sur le thème des Etats Unis d’Europe. Il reprend la déclaration de Schulz, et semble rivaliser avec Macron, qui se dit pour « la souveraineté européenne » (!). Bien entendu cette Fédération-là, ne sera pas. Renzi est proche de Prodi (ex président du conseil des ministres de l’UE) et le socialisme ne lui évoque rien, C’est un apôtre du libéralisme et de l’austérité, comme les gouvernements précédents. Il est pour les réformes à la Berlusconi, avec qui il a toujours de très bons rapports : « réduction de l’endettement à 100% en 10 ans » « inflation limitée à 2% », « réformes structurelles », « privatisations », etc. Sauf une petite touche sociale : le salaire horaire minimum à 10 euros et qui concernerait 15% des salariés.

Le M5S, malgré son programme de 90 pages ne peut cacher qu’il a lui aussi rejoint le train de l’austérité. Une austérité plus soft, autant qu’elle puisse l’être : « réduire l’endettement de 40% en 10 ans ». Il rejette la limite des 3% de déficit du budget. Mais avant tout il se distingue par le retour à « la souveraineté nationale » sans trop préciser comment et l’introduction d’un « revenu de citoyenneté », de 780 euros pour une personne à 1638 euros pour les familles avec deux enfants.

Viola Carofalo, leader(e) de la liste de Potere al popolo propose de nouveaux droits pour les travailleurs, une politique environnementale, une réforme de la justice et surtout une rupture très limpide avec tous les traités et dispositifs de l’UE, l’euro et l’Otan ou encore la suppression des peines de prison à vie.

Pietro Grasso de Liberi e Uguali, a centré ses principales propositions sur le droit à l’enseignement, la lutte contre la criminalité et la réintroduction dans leurs entreprises des salariés éliminés par le Jobs’Act (licenciés par exemple contre une embauche de jeunes sous les nouvelles conditions plus avantageuses du Jobs’Act pour le patronat). Le Partito Comunista propose assez classiquement la sortie unilatérale de l’Italie de l’UE et de l’Otan, la nationalisation des secteurs stratégiques de production et l’abolition des lois qui précarisent le salariat et un salaire minimum intercatégoriel. Et Sinistra rivoluzionaria, une répartition du travail par la réduction de l’horaire de travail.

Reste CasaPound et sa prime de natalité de 500 euros par mois pour toute nouvelle naissance jusqu’à l’âge de 16 ans, des mesures contre l’immigration clandestine, la nationalisation de la Banque d’Italie et la sortie de l’UE et de l’Euro.

• L’Italie rejoint les pays européens qui ont un problème identitaire.

L’arrivée massive des réfugiés et des migrants qu traversent la méditerranée, plus de 600000 personnes attirées par les promesses de l’Allemagne, a bousculé une Italie jusque là chrétienne et assez fraternelle (une “bombe sociale” pour Berlusconi, qui conduira à “une guerre civile” pour la Lega, alors que Renzi ne “veut pas instrumentaliser la fusillade de Macerata”). L’Italie, en prelière ligne de part sa situation géographique, se plaint d’être seule à les accueillir sans réel soutien des autres pays européens qui erigent barrières, frontières et barbelés divers et variés. Elle laisse donc passer les “migrants” faute de structures adaptées, mais comme “pays d’entrée”, elle se trouve coincée : les migrants chassés de France et d’ailleurs sont renvoyés en Italie, qui les laisse filer, etc.
Dans un pays au fort taux de chômage, surtout celui des jeunes qui s’expatrient, avec une mafia qui sévit au Sud comme au Nord et fait son beurre du transport des « clandestins » et autres « marchandises » plus ou moins licites, du « travail clandestin » : c’est une vraie peste qui se répand peu à peu dans certaines consciences. Le retour d’une extrême droite fasciste, est encore insignifiant, mais préoccupant.
Le pape a beau multiplier ses homélies pour l’accueil des “migrants”, le dernier épisode de Macerata (région des Marches avec Ancona comme capitale régionale, sur l’Adriatique face à la Croatie) : « le 3 février, Luca Traini âgé de 28 ans est entré au centre de la ville avec sa voiture, tirant des dizaines de balles et blessant plusieurs migrants d’Afrique subsaharienne. Après la fusillade, l’homme, enveloppé dans le drapeau italien, a fait le Salut fasciste », est un symbole extrême, certes, mais il exprime ce qui se passe dans certaines zones du pays profond, déjà travaillé par la xénophobie de la Lega. Il y a eu depuis 2014, autour de 140 agressions néo-fascistes.
Potere al popolo est la seule liste à demander la dissolution de tous les groupes fascistes.

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• L’Italie, une base de l’Otan, en première ligne face à une éventuelle guerre nucléaire contre la Russie

La gauche radicale et communiste a de tout temps bataillé contre la présence des bases de l’Otan en Italie qui ont servi lors des différentes guerres au Moyen Orient. Et ont même déstabilisé la vie politique interne de l’Italie, dans les années 1960/1970, en fomentant plusieurs tentatives de coup d’Etat ! Cette présence risque de s’alourdir avec les nouvelles mesures qui seront proposées au prochain sommet de l’Otan pour augmenter sa puissance et dont la cible est la Russie. Et Selon l’adage : « Le moyen le plus sûr de prévenir la guerre est d’être préparés à en gagner une » et après la sortie de Trump sur « Pourquoi avoir un armement nucléaire si l’on ne s’en sert pas ? », il semble que la paix en Europe soit menacée et l’Italie en première ligne avec les bases militaires de l’impérialisme Us.

En fait, personne n’en parle vraiment dans le débat électoral : « L’Italie s’est déjà engagée dans l’OTAN à porter sa propre dépense militaire actuelle d’environ 70 millions d’euros par jour à environ 100 millions d’euros par jour ». Comme on ne parle pas du contingent italien « déployé en Lettonie à la frontière russe », «ni des avions de chasse italiens Eurofighter Typhoon basés le 10 janvier en Estonie, à une dizaine de minutes de vol de Saint-Pétersbourg, avec le motif de protéger les pays baltes de « l’agression russe ». Tout comme il est fait silence « sur le fait que l’Italie a pris le 10 janvier le commandement de la composante terrestre de la Force de réaction de l’OTAN, projetable dans n’importe quelle partie du monde « sous la dépendance du Commandant suprême des forces alliées en Europe », toujours nommé par le Président des Etats-Unis ».
Les Italiens ignorent aussi la nouvelle que leur Marine « a reçu le 26 janvier le premier avion de chasse F-35 b à décollage court et atterrissage vertical, et dont le personnel de la base a été entrainé en Caroline du Sud par les commandos Marines de Beaufort. » Et enfin que de « nouvelles bombes nucléaires B61-12, que le Pentagone commencera à déployer en Italie d’ici à environ deux ans à la place des actuelles B-6 » qui pourraient porter l’Italie au premier rang d’une confrontation nucléaire avec la Russie ((Il Manifesto, M. Dinucci, 6 février 2018).

Conclusion

La « stratégie du Pd » était de donner naissance à une nouvelle force politique capable de répondre et représenter la complexité « de la modernité », en se créant à partir de forces plus ou moins antagoniques : le centre gauche de Prodi (européiste), la gauche issue de la disparition du Pci, et certains éléments de la Démocratie chrétienne.

La longue politique du renoncement et de l’austérité imposé par l’U.E a signé l’échec du Pd. Elle signe aussi le renouvellement d’un fascisme qui n’avait jamais réellement disparu mais qui se cantonnait à quelques nostalgiques de la geste mussolinienne.

Mais en Italie la société civile et politique n’est jamais à court d’idées. Elle a toujours une certaine capacité, telle Pénélope, à rebondir devant l’adversité et à « faire des alliances ».

La dernière en date « Potere al popolo » est un nouvel espoir d’autant que sa construction n’est pas celle de la France Insoumise, même si elle y fait penser. « Nous avons déjà l’expérience d’une fédération » qui s’est constituée à partir « de réalités de groupes de base, de forces politiques institutionnelles et de militants syndicaux, de Comités Unitaires de Base (CUB, crées en 1968/1969), mais aussi de sections de la Cgil (Cgt italienne) ». « Nous voulons ouvrir un nouvel espace politique qui devra s’élargir dans le futur ».

Tout cela est l’expression d’une réelle vitalité démocratique.

Mais, « Nous avons décidé d’utiliser les échéances électorales pour nous construire en réseau et nous transformer en réelle force politique » (déclaration du 18 février 2018).

Pour asseoir une nouvelle force politique capable de résister, de mobiliser, de transformer le paysage politique et la vie des Italiens il ne faut pas retomber dans les mêmes erreurs. Les élections passées on recommence d’autres alliances pour les élections suivantes, sans tirer les leçons des échecs successifs et d’une régression politique. L’électoralisme c’est la mort de toute vie politique réelle.

Février 2018

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