Canada : les contradictions du libéralisme autoritaire explosent, mais qui saura les exprimer?

par Réveil Communiste
9 Février 2022

Le Canada est secoué par un mouvement social inédit déterminé à obliger le gouvernement de Justin Trudeau à lever toutes les restrictions liées au Covid-19.

Le discours et les porte-paroles du mouvement lancé par les routiers canadiens, qui ressemble aux Gilets Jaunes français, sont marqués à droite. Elon Musk tente de s’en approprier le leadership moral et les sympathisants de Trump aux États-Unis et au Canada manifestent bruyamment leur approbation. Les médias tentent de présenter le mouvement comme un nid de scorpions fascistes et la gauche semble n’y jouer aucun rôle.

Ce n’est pas seulement à cause des dérives sociétales de la gauche intellectuelle qui s’est détournée des problèmes des gens ordinaires et s’est affichée comme un soutien objectif du “nouvel âge du capitalisme” , dont Justin Trudeau est un représentant caricatural.

C’est aussi parce que c’est ce gouvernement qui en rajoute dans le “wokisme” qui passe son temps à demander aux gens ordinaires de se repentir pour des crimes historiques qui est allé le plus loin dans la répression des réfractaires à la vaccination, allant jusqu’à suspendre le versement des allocations de chômage aux non-vaccinés.

C’est aussi le résultat de la dissolution des solidarités de classe dans l’individualisme de masse consumériste, promu dans cette nouvelle phase du capitalisme. Le Canada est maintenant mis cul par-dessus tête par des camionneurs fanfarons libertariens et anti-socialistes qui s’imaginent défendre la liberté avec un grand L contre les rouges qui auraient pris le contrôle du gouvernement – en tout cas c’est ce raccourci de la situation que montrent les médias.

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Ils ne se rendent pas compte que quand les riches n’ont plus peur des rouges, il n’y a plus de liberté pour personne.

Les “rouges” en question ont une part de responsabilité en ce qu’ils se sont laissé confisquer leur histoire révolutionnaire, leurs héros et leurs martyrs, dans le grand récit de la démocratie libérale.

L’activisme gauchiste hésite maintenant entre le confinement d’un mouvement qui a forte tendance au dérapage verbal, et la main tendue. Pourquoi ne pas tenter de réaliser un front contre les 1%, ou les 0,01 % ? Mais la critique des oligarques et des “ploutocrates”, si elle est justifiée, manque le but car elle noie dans une indignation vague et démonstrative les antagonismes entre classes sociales pour tenter de singulariser un groupe de “méchants” responsable des malheurs du peuple, et les gauchistes qu’ils soient trotskystes, anarchistes, écologistes ou orwelliens antitotalitaires comploistes, et qui tentent par tous les moyens de discréditer l’intervention de l’État, contribuent involontairement à cette dérive libertarienne et souvent néo-fasciste.

L’infiltration gauchiste dans la queue de comète des Gilet Jaunes n’a pas permis de redresser la barre : si le discours du mouvement en est devenu plus “clean” son influence et la sympathie populaire se sont réduites comme peau de chagrin. Car il n’est pas vrai que “tout le monde déteste la police” ni que tout le monde se passionne pour le RIC.

Les Gilets Jaunes formaient un mouvement social populaire qui aurait dû être soutenu par les syndicats, au lieu d’en subir l’ostracisme, car ils s’étaient mobilisés contre la hausse du carburant, c’est à dire contre les impôts indirects qui frappent les pauvres. Le “convoi de la liberté” canadien et ses imitateurs en Europe, quant à eux, revendiquent la liberté de ne pas se faire vacciner. C’est une erreur, et c’est plutôt antisocial qu’autre chose.

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GQ 7 février 2022
PS un article en anglais de la Monthly Review marxiste américaine :

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www.reveilcommuniste.fr

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