Pandémie Covid-19 : Voici comment la France va droit dans le mur pour la deuxième fois

26 Octobre 2020

Comme nous le craignions, la situation devient vraiment très grave.

Au vu de la situation, nous vous présenterons ici pour la première fois nos simulations (avec différentes hypothèses) sur l’évolution de la situation en novembre.

I. La situation au 26 octobre

La situation en France est la pire d’Europe :

Nous approchons des 40 000 cas testés positifs par jour (en lissage hebdomadaire)…

Le taux de positivité s’envole, alors que nos laboratoires tournent à plein régime :

La croissance hebdomadaire des cas positifs est stabilisée à plus de 40 %, c’est une phase exponentielle :

Dans une France portant le masque, l’épidémie semble donc avoir un taux de croissance hebdomadaire de +20 à +40 %. Il y a seulement eu une anomalie fin septembre, où l’épidémie s’est brièvement stabilisée, probablement en lien avec le pic exceptionnel de chaleur survenu quelques jours avant :

La visualisation de la situation actuelle par tranche d’âge est atterrante :

et voici notre traditionnel zoom sur les populations à haut-risque :

Dans 2 à 3 semaines, le bilan risque donc d’être calamiteux…

La gestion du gouvernement français explique largement cette rapide « victoire par KO » de l’Europe sur l’Asie, en termes de croissance épidémique depuis mai :

À l’évidence, le Coronavirus s’épanouit très bien dans le climat (et l’incompétence) de l’Europe.

II. Les projections

2-1 Présentation

Alors où allons-nous ?

Eh bien c’est là que consulter le site d’un actuaire spécialisé en mortalité/morbidité peut être utile… 🙂

Parmi tous ceux de ce site, ce billet est sans doute celui qui correspond le mieux à ma formation et à mon ancienne pratique professionnelle.

Je vous présente donc les résultats du modèle mathématique que j’ai créé. Il calcule, pour chaque âge et chaque sexe, les probabilités d’entrée à l’hôpital ou en réanimation, ainsi que de décéder, à partir des données et estimations scientifiques (Pasteur, Inserm…) de la première vague.

Ce n’est nullement un modèle parfait, car il est gêné par différentes incertitudes :

  1. sur la forme de la courbe des contaminations réelles de mars ;
  2. sur le niveau des contaminations réelles actuelles (les tests n’en détectant qu’une partie) ;
  3. sur la diminution (alléguée par les autorités) du taux de passage en réanimation grâce à de meilleures prises en charge ;
  4. sur la diminution (alléguée par les autorités) du taux de mortalité en réanimation grâce à de meilleures prises en charge.

Tout ceci joue donc sur la qualité du modèle, qui est à prendre avec prudence. Il vise simplement à donner une indication de ce qui pourrait arriver.

Nous allons donc vous présenter 3 graphiques, qui comprennent chacun 3 courbes (ou jeux de courbes) :

  • en rouge, la situation réelle depuis mars ;
  • en bleu, la simulation fournie par le modèle mathématique jusqu’à aujourd’hui, calculée à partir du nombre de cas testés positifs, par âge et sexe. Cela permet de voir si le modèle colle à la réalité (courbe rouge) ;
  • des courbes pour l’avenir, qui sont la simple continuation de la simulation en fonction de l’hypothèse de l’évolution du nombre de cas.

Nous ne réalisons en effet aucune simulation de l’évolution du nombre de cas, car c’est impossible d’arriver à une simulation fiable. Nous vous présenterons en revanche la simulation de l’évolution des entrées quotidiennes à l’hôpital, des entrées en réanimation, et des décès.

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Nous avons toutefois besoin d’une donnée importante pour le modèle : la croissance moyenne du nombre de cas réels entre le 15 octobre et le 1er novembre. Nous testons donc avec 4 hypothèses : + 0 %, + 15 %, + 30 % et + 50 %. Pour mémoire, il y a deux semaines, la croissance des cas testés positifs a été de + 38 %, et la semaine d’avant + 54 %. Cependant, le couvre-feu a été instauré depuis, et on peut espérer voir la croissance ralentir, plus ou moins.

Dernier point : la simulation s’arrête fin novembre, car il y a trop d’incertitudes au-delà. A contrario, quoi que fasse de plus le gouvernement désormais, le sort du mois de novembre est jeté, au vu des délais de la maladie. Ainsi, si le gouvernement décidait d’un confinement au 1er novembre, il n’y aura aucun impact sur les simulations réalisées : les effets ne se feraient sentir qu’au cours des premiers jours non représentés sur les graphiques.

2-2 Projection des nouvelles hospitalisations

Voici donc pour les nouvelles hospitalisations chaque jour :

Pour vous simplifier la lecture, disons que :

  • la courbe verte est la courbe très optimiste, où le couvre-feu (et les vacances…) a réussi à stabiliser l’épidémie (il pourrait la faire progresser, mais cela semble peu plausible) ;
  • la courbe orange, où le couvre-feu marche bien, et à fait passer l’épidémie de 40 % de croissance hebdomadaire à 15 % ;
  • la courbe violette, où le couvre-feu marche un peu, et à fait passer l’épidémie de 40 % de croissance hebdomadaire à 30 % ;
  • la courbe noire, où le couvre-feu marche très mal et ne réussit pas à freiner l’épidémie, qui passe à + 50 %,

Les derniers chiffres connus correspondent à une situation qui se situe entre les courbes violettes et noires, juste avant le couvre-feu. Nos estimations sont donc assez optimistes, nous ne cherchons ni à faire peur, ni à rassurer, mais à essayer de bien prédire ce qui va arriver.


La cinétique de l’épidémie fait qu’il est assez probable que le pic d’hospitalisations de la deuxième vague soit supérieur à celui de la première. Mais beaucoup plus de personnes auront été hospitalisées. Il y a eu 130 000 hospitalisations lors la 1ère vague, et il devrait y en avoir entre 150 000 et 250 000 lors de la deuxième (il y en a déjà eu 50 000, depuis le 14 juillet).

2-3 Projection des entrées en réanimation

Voici donc pour les entrées en réanimation chaque jour :

On observe que le modèle mathématique collait très bien à la réalité, mais que c’est moins bien depuis 10 jours.

Il y a deux grandes explications possibles :

  • hypothèse optimiste : soit la fréquence de passage en réanimation est moindre maintenant, car on arrive à un peu mieux soigner les malades. Ce serait bien, mais on se demande pourquoi il a fallu attendre mi-octobre pour que cet effet devienne visible ;
  • hypothèse pessimiste : certains services de réanimation sont saturés, et ils ne peuvent accueillir tous les malades qui devraient y entrer. C’est hélas plus probable pour les taux d’occupation de 50 ou 60 % par des malades Covid.
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En effet, la courbe réelle ne pourra pas suivre la courbe théorique, car il n’y a tout simplement pas le nombre de lits pour accueillir toutes ces réanimations…

Il y a eu 20 000 réanimations lors la 1ère vague, et il devrait y en avoir entre 20 000 et 40 000 lors de la deuxième (il y en a déjà eu 8 000, depuis le 14 juillet).

2-4 Projection des futurs décès

Voici enfin pour les décès chaque jour :

On constate qu’il y a toujours une très bonne adéquation entre le modèle et la réalité pour les décès, ce qui ne valide pas à ce stade, l’hypothèse d’une baisse notable de la mortalité.

Il y a eu 30 000 décès lors la 1ère vague, et il devrait y en avoir entre 15 000 et 40 000 lors de la deuxième (il y en a déjà eu près de 5 000, depuis le 14 juillet).

2-5 Conclusion

En conclusion, ce modèle, largement perfectible, ne montre à ce jour, hélas, aucune grande amélioration en termes de mortalité. Cependant quelques espoirs existent comme on l’a vu, notamment en réanimation.

Cela confirme ce que l’ont savait à savoir que le virus n’a pas muté, et n’est pas moins virulent qu’au printemps.

Pour information, ce modèle utilise comme donnée le fait que le nombre réel de contaminés est d’environ 3 fois celui des testés positifs.

N’oublions pas, enfin, que de bonnes surprises sont toujours possible, et j’espère que la réalité fera mentir ces courbes…

III. Pourquoi en sommes-nous là ?

Nous reviendrons sur ce point plus en détail ultérieurement.

Mais le fait majeur est l’incompétence manifeste du gouvernement, qui arrive encore à dénoter face à l’incapacité de l’Occident à gérer un problème que l’Asie a , pour le moment, largement surmonté.

Notre gouvernement a clairement pensé qu’il allait pouvoir jouer l’économie (de court terme) contre la santé, mais, comme on s’en doutait, il va perdre sur les deux plans, car il ne peut y avoir de bon climat économique durant une pandémie.

Ses mensonges autour des masques feront passer, dans l’Histoire, ceux autour du nuage de Tchernobyl pour une vaste plaisanterie. Pensez-y : il a réussi à passer de « Surtout ne mettez pas de masque ! » à « Mettez un masque chirurgical et allez bosser, votre sécurité est garantie ».

Et les deux fois, il a menti. Il fallait, et il faut, mettre des masques, car ils limitent la propagation du virus, en retenant les particules des contaminés.

Mais maintenant, il ment tout autant, car un masque chirurgical n’a JAMAIS protégé le porteur sain contre des aérosols – ou alors, faiblement. Et c’est bien ce qui apparaît : nous sommes sur un niveau de contamination de près d’1 million de personnes tous les 10 jours, il est bien clair que la contamination est essentiellement due à des aérosols, contre lesquels les masques chirurgicaux protègent peu (en tout cas beaucoup moins bien que des FFP2). Ils sont suffisants quand il y a peu de cas, mais pas quand il y en a autant qu’aujourd’hui…

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Rappelez vous du paquebot largement contaminé en mars, du Charles de Gaulle, où encore de cet exemple où une passagère Chinoise asymptomatique a contaminé en 100 minutes 23 personnes, dans un bus (où personne n’était masqué) :

« Éternuez dans votre coude, restez à plus d’un mètre et portez un masque chirurgical » disent-ils – ce n’est pas comme cela qu’on vainc le Coronavirus…

Le bilan de ces mensonges est le suivant :

Notez que le gouvernement ne fournit ce niveau détaillé que depuis une semaine. Il lui a fallu 8 mois pour comprendre qu’il était important, quand on lutte contre une épidémie, de dire aux gens OÙ EST le virus précisément, afin que les gens proches fassent très attention, que les maires puissent agir, etc.

Mais la litanie de tous ces échecs est hélas bien longue, et tragique.

IV. Que pouvez-vous faire ?

Nous vous recommandons de vous protéger, évidemment, en attendant le confinement, qui n’est probablement plus qu’une question de semaine(s), sauf miracle du couvre-feu.

Chaque jour compte, comme nous l’avions écrit dès le 13 mars :

Rien n’est prévu pour favoriser la distanciation dans les transports ; le télétravail n’est pas obligatoire (lorsque c’est possible) ; il n’y a eu aucun plan pour équiper la population en masques FFP2, et il a fallu se battre au Conseil d’État pour obtenir la protection des plus vulnérables. Le gouvernement, bien loin d’avoir anticipé la situation, subit complètement l’évolution de l’épidémie…


En conclusion de ce billet, nous vous conseillons donc :

  • si vous êtes une personne vulnérable retraitée, de vous confiner, ou, à tout le moins, de ne pas aller dans des endroits publics fermés. Si vous devez y aller, portez un masque FFP2/KN95 qui vous protégera quelque peu ;
  • si vous êtes une personne vulnérable active : utilisez la décision du Conseil d’État pour demander à votre employeur soit de vous mettre en télétravail, soit de vous mettre au chômage partiel. Si vous êtes conjoint, faites très attention. Et portez des masques FFP2 ;
  • pour les autres cas :
    1/ Restez prudents, car les séquelles sont parfois inquiétantes.
    2/ Aérer autant que possible les pièces fermées et mal ventilées : c’est le meilleur moyen de lutter contre les aérosols ;
    3/ Évitez au maximum les contacts qui ne sont pas indispensables. Dans ce contexte, se protéger soi-même, c’est aussi protéger les autres.

Merci d’avoir lu ce billet et prenez soin de vous !

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