Ce mardi, Urgence Palestine a annoncé avoir reçu un courrier de l’Intérieur engageant une procédure de dissolution à son encontre. Le même jour, Bruno Retailleau déclarait lancer la dissolution de la Jeune Garde. Un saut dans l’offensive autoritaire.
par Joshua Cohn
30 avril
Dans une vidéo publiée sur son compte Instagram ce mardi, Omar Alsoumi, porte-parole d’Urgence Palestine, a indiqué avoir reçu un courrier du ministère de l’Intérieur l’informant de l’ouverture d’une procédure de dissolution à l’encontre du collectif de défense du peuple palestinien. Née à l’automne 2023 en réponse à l’offensive génocidaire de l’État d’Israël, l’organisation a joué un rôle actif dans les manifestations et actions de solidarité avec Gaza. En enclenchant cette procédure de dissolution, le régime marque donc à nouveau sa complicité avec l’État d’Israël, à l’heure où le génocide se poursuit.
Cette annonce intervient alors que Bruno Retailleau avait déclaré quelques heures plus tôt devant l’Assemblée nationale engager la dissolution de la Jeune Garde, organisation antifasciste fondée à Lyon en 2018, et dont l’un des anciens porte-paroles, Raphaël Arnault, est député depuis 2024. Répondant à une interpellation du député du Rassemblement national Sébastien Chenu, le ministre de l’Intérieur a répondu : « Vous m’interrogez précisément sur la Jeune Garde. Nous ne pouvons dissoudre que lorsque nous avons des faits, que lorsqu’il y a un dossier qui est établi. Et bien, je veux vous confirmer que dans quelques heures, la procédure contradictoire contre la Jeune Garde, qui doit amener, je l’espère, à sa dissolution, sera engagée. »
Une intervention qui témoigne de l’alignement toujours plus clair du gouvernement avec l’extrême-droite, répondant ainsi aux injonctions de la fachosphère qui n’ont eu cesse de demander leur dissolution. En janvier dernier, Retailleau avait d’ailleurs félicité le groupuscule Nemesis « pour son combat » après que sa porte-parole Alice Cordier l’ait interpellé pour qu’il dissolve l’organisation antifasciste. Le ministre ne cache d’ailleurs pas que la procédure « contradictoire » vise en réalité à la constitution d’un dossier à charge.
Avec le lancement simultané de ces deux procédures, le gouvernement Bayrou approfondit l’offensive contre les organisations du mouvement social, visant particulièrement les organisations antifascistes et de défense du peuple palestinien. L’objectif est clair : faire payer leurs mobilisations particulièrement intenses dans la dernière séquence. Ces procédures s’inscrivent à la suite de multiples dissolutions prononcées ces dernières années contre des organisations antifascistes et pro-palestiniennes telles que la Défense collective de Rennes, le Bloc lorrain, le GALE, le Comité Action Palestine, ou encore le Collectif Palestine Vaincra, dont la dissolution a été confirmée par le Conseil d’État le 20 février dernier.
Une offensive de grande intensité, qui accompagne la criminalisation plus large des mobilisations, qu’il s’agisse de la vague de répression syndicale après la bataille des retraites ou de la criminalisation du soutien à la Palestine, notamment dans le cadre d’enquêtes pour « apologie du terrorisme » visant Jean-Paul Delescaut, secrétaire de l’UD CGT 59, condamné à un an de prison avec sursis pour un tract de soutien à la Palestine, Rima Hassan, députée européenne LFI, ou encore Anasse Kazib, porte-parole de Révolution Permanente, poursuivi pour un tweet de soutien à la Palestine
Ce nouveau saut dans l’offensive autoritaire du gouvernement appelle une réponse sérieuse de l’ensemble des organisations de la gauche politique et syndicale. Comme le montre la procédure contre les Soulèvements de la Terre en 2023, la victoire contre les dissolutions est possible, mais pour cela, il faut un front contre la répression d’Etat. Dans les semaines et mois à venir, construire une telle campagne doit être une priorité, en soutien à Urgence Palestine, la Jeune Garde et l’ensemble des secteurs visés par l’offensive en cours.
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