Les frappes ont détruit un “mystérieux laboratoire” chimique – qui était sous surveillance régulière de l’OIAC

16.avril.2018

I. Les frappes sur le SSRC

Les frappes de samedi ont visé ce que le triumvirat a présenté comme “l’arsenal chimique clandestin du régime” :

Soit 2 centres de stockage, ainsi que le Centre d’études et de recherches scientifiques à Barzeh (CERS, ou SSRC Syrian Scientific Studies and Research Center), près de Damas :

Le centre a été détruit :

Le Figaro qualifie ce Centre de “mystérieux”, et indique qu’il est “soupçonné de produire des armes chimiques” :

Et plus précisément à propos du CERS / SSRC :

Dès lors, la presse le qualifie même de “Centre de recherche et développement d’armes chimiques et biologiques” de Barzé (source) :

II. La vision de l’OIAC

Eh bien il se trouve que par sa décision EC-83/DEC.5, l’OIAC (Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques, OPCW) a décidé le 11 novembre 2016 que le SSRC serait contrôlé par l’OIAC deux fois par an :

Ceci faisait suite à des attaques qui avaient impliqué l’armée syrienne :

Le 2 juin 2017, le Directeur Général de l’OAIC indiqua que la première visite du SSRC n’avait rien montré d’illégal :

La deuxième visite du centre a eu lieu en novembre 2017 :

Le 23 mars 2018, le Directeur Général de l’OAIC indiqua que cette visite du SSRC n’avait rien montré d’illégal :

Cependant des questions continuaient à se poser sur le rôle exact de ce laboratoire, la Syrie ne répondant qu’imparfaitement aux questions posées :

Des doutes subsistaient donc sur ce centre.

Notons aussi qu’il intervenait pour réaliser des analyses… en cas d’attaques chimiques, pour transmission à l’OIAC :

Ainsi, la coopération syrienne n’était pas de 100 %, mais les inspections pouvaient être conduites normalement.

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Comme nous l’avons déjà souligné, au lieu de bombarder en violant le Droit International, la France aurait pu atteindre ses objectifs en appliquant simplement la Convention sur l’interdiction des armes chimiques – par exemple en exigeant des inspections complètes des sites par mise en demeure comme le rappelle clairement l’OIAC :

Mais au final, reconnaissons que la modération des frappes a au moins évité un embrasement de la situation…

Et cela a permis à nos dirigeants de plastronner :

On voit que l’expérience des armes de destruction massive a servi à quelque chose ! Maintenant, ils bombardent illégalement des cibles au lieu de demander à l’OIAC de vérifier sur place. Comme ça, si on ne trouve pas d’armes chimiques, ils diront qu’ils ont été super efficaces… Malin !

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