Thursday, 1 May , 2025

Vers le Sommet des peuples pour la Paix à Jérusalem, les 8 et 9 mai. Beau rassemblement ce jeudi 24 avril à Tel Aviv

by Daniela Bezzi

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Un bel aperçu, vigoureux, courageux, commun et sincère de ce que pourrait être le People’s peace summit (Sommet des Peuples pour la Paix) de Jérusalem s’est tenu ce jeudi 24 avril à Tel Aviv. Des milliers de personnes ont rempli la place Habima pour la plus grande manifestation anti-guerre depuis le début de la guerre.

Et pas seulement contre la guerre, car au mépris de l’interdiction des autorités, l’appel (principalement lancé par l’organisation arabo-israélienne Standing Together  (nous nous tenons ensemble) a joué sur la solennité de Yom Ha Shoah, qui est la Journée du souvenir pour les Israéliens. Une commémoration qui commence chaque année au crépuscule avec le son d’une sirène et pendant quelques minutes tout le pays s’arrête : dans les rues les passants s’arrêtent de marcher, les véhicules s’arrêtent de circuler, les magasins arrêtent de vendre, toute activité s’arrête et tout le monde se met au garde-à-vous pour signaler le début de cette pause de réflexion en mémoire des 6 millions de victimes de l’Holocauste, qui durera les prochaines 24 heures, jusqu’au coucher du soleil le lendemain.

Cette année, Yom HaShoah a été célébrée entre le 23 et le 24 avril. Et avec l’intention claire (et plutôt subversive) d’élargir le sens du « plus jamais ça » bien au-delà des victimes de l’Holocauste, les organisateurs de la manifestation ont choisi le soir du 24 avril pour ramener dans les rues le thème des 18 000 enfants déjà tués et qui sait combien d’autres mourront, ainsi que celui des otages que le gouvernement israélien semble avoir décidé de sacrifier dans le plan fou d’exterminer toute manifestation de vie à Gaza.

Ce n’était pas la première fois que des photos d’enfants gazaouis assassinés étaient vues dans les rues de Tel-Aviv : la première manifestation de ce genre avait eu lieu entre le 17 et le 18 mars, lorsque deux jours après les bombardements sur Gaza qui avaient marqué la fin du cessez-le-feu ainsi que de tout éventuel accord sur les otages avec le Hamas, un groupe de femmes israéliennes étaient descendues dans la rue avec des photos d’enfants tués dans les dernières attaques. Une manifestation improvisée, aux chandelles, auto-organisée sur les réseaux sociaux, à laquelle d’autres femmes s’étaient jointes de manière inattendue, et toutes ensemble elles s’étaient senties impliquées au point de créer un joli groupe sur WhatsApp. De manifestation en manifestation, le groupe s’est élargi de 30 à 100, puis 200, jusqu’à des centaines la semaine dernière, et s’est répliqué en même temps dans d’autres villes: Haïfa, Umm al-Fahm, Jérusalem, Jaffa… et encore hier soir à Tel-Aviv, où des milliers de femmes et d’hommes de tous âges, beaucoup de jeunes, beaucoup de réservistes dissidents et d’objecteurs de conscience, ont manifesté.

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Et tout cela s’est produit malgré l’interdiction claire des autorités, comme nous l’avons également rapporté dans le quotidien Haaretz.

A l’image de la solennité de ce jour, l’inacceptabilité de chaque vie sacrifiée dans le conflit a été soulignée : celle des 18 000 enfants morts, ainsi que celle des otages dont les familles ne les reverront plus jamais, ainsi que celle des dizaines de milliers de civils, déjà victimes des bombardements, ou sûrement destinés à mourir de faim, ou des conséquences d’une guerre qui ne pourra jamais garantir aucune sécurité, et que Netanyahu ne mène que pour se préserver.

Et le succès de ce grand sit-in est aussi dû à la participation de Women wage Peace (Femmes pour la Paix), Zazim et de nombreuses autres organisations, qui ont rejoint l’appel de Standing Together dans le même esprit d’alliance et de « l’union fait la force » qui (comme nous l’avons déjà dit) sera la marque de fabrique du Sommet des Peuples pour la Paix.

« (…) Depuis le 7 octobre 2023, la vie de chacun d’entre nous est un cauchemar sans fin », peut-on lire dans le document précédemment diffusé. Nous tous, Juifs et Palestiniens, en Israël, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, ainsi que les habitants du Sud-Liban, avons subi une violence, des pertes et une horreur sans précédent. Nous pleurons les pertes humaines à travers la région, depuis l’horrible attaque du Hamas le 7 octobre, et à cause de cette guerre atroce que le gouvernement israélien a déclenchée en représailles.

(…) Chaque vie brisée est une tragédie. Dans la guerre que nous vivons depuis le 7 octobre, ce sont les civils innocents, les enfants et même les nouveau-nés qui paient le prix le plus terrible. Les habitants de Gaza ont subi des bombardements et des raids aériens sans fin. En Cisjordanie, les opérations militaires et la violence des colons sont devenues de plus en plus fréquentes et destructrices. De nombreux Israéliens évacués de leurs maisons dans le nord et le sud attendent toujours la possibilité de revenir. Quant aux otages, dont le retour était attendu depuis longtemps, ils croupissent en captivité à Gaza.

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(…) Notre message est simple et clair : nous pouvons arrêter l’horreur ! Comme nous le savons tous très bien maintenant, il existe une autre voie. Les opérations militaires n’ont fait qu’accroître la destruction, l’oppression et les pertes en vies humaines, sans jamais apporter une sécurité durable aux Israéliens. Et les guerres ne finissent jamais : la fin d’une guerre n’est que le prélude à la suivante, qui sera tout aussi inutile.

(…) Il est possible de vivre autrement ! Il est possible d’offrir un espace sûr à tous ceux qui vivent dans cette région. L’occupation de la Cisjordanie ainsi que le siège et la destruction de Gaza doivent cesser, non seulement parce qu’ils sont brutaux et oppressifs envers les Palestiniens, mais aussi parce qu’ils sapent le besoin de sécurité à long terme des Israéliens. L’occupation, le siège et la guerre doivent être remplacés par une solution politique concertée : la paix israélo-palestinienne. Nous construisons un mouvement populaire de citoyens juifs et palestiniens en Israël qui croient qu’un avenir commun est possible.

Aujourd’hui, jeudi 24 avril, nous sommes sur cette place avec une exigence claire : la fin de la guerre, la libération de tous les otages par un accord, et la fin des tueries et des destructions incontrôlées dans la bande de Gaza.

Traduction, Evelyn Tischer

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