L’île de Kéa dit non à un projet de complexe hôtelier de luxe

Écrit par Mounir Moujoud
Jul 21, 2025

Un projet jugé démesuré

Kéa, petit joyau discret des Cyclades, refuse de céder au béton touristique. Le conseil municipal de cette île grecque, également connue sous le nom de Tzia, a rejeté à l’unanimité l’étude d’impact environnemental d’un projet de complexe hôtelier de luxe porté par le promoteur espagnol Inmo Park Invest. Le projet devait s’élever à Vroskopos, sur la côte ouest, non loin d’un autre complexe déjà controversé.

Ce nouvel hôtel cinq étoiles devait offrir plus de 300 lits et s’appuyer sur trois forages pour couvrir une demande en eau estimée à 64.000 mètres cubes par an. Un chiffre qui fait bondir les habitants et élus locaux, notamment en raison des pénuries d’eau récurrentes à Pisses, une zone voisine affectée ces dernières années, notamment sur le plan agricole. Le projet ne prévoyait par ailleurs aucun logement pour les employés, une lacune de taille dans cette partie reculée de l’île.

L’environnement avant les profits

Face à ces lacunes, la municipalité a dit stop. L’impact environnemental sur les ressources en eau, conjugué à l’absence de garanties sociales, a conduit les élus à rejeter fermement le projet. Pourtant, malgré cette opposition et la mobilisation croissante des habitants, les travaux préparatoires : forage , terrassement, ont déjà débuté. Les résidents redoutent des conséquences irréversibles sur le territoire.

Ce refus intervient dans un contexte national tendu. La Grèce, qui accueille plus de 40 millions de visiteurs par an pour une population de 10 millions d’habitants, génère environ un quart de son PIB du tourisme. Mais les signaux d’alerte se multiplient : saturation des infrastructures, urbanisation anarchique, et pression croissante sur les ressources naturelles. L’eau, en particulier, devient un enjeu stratégique, en particulier sur les îles.

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Un modèle alternatif de tourisme

Contrairement à ses voisines plus médiatisées, Kéa incarne une forme de tourisme plus discret, plus durable. Située à seulement une heure de ferry du port de Lavrio, elle séduit les visiteurs par ses villages traditionnels, ses plages préservées (Otzias, Pisses, Gialiskari…), et ses chemins pavés menant à des chapelles byzantines, des criques cachées et des ruines antiques.

Chora, capitale bâtie sur les vestiges de l’antique Ioulida, attire les curieux avec ses ruelles de pierre, ses maisons aux toits en tuile, et des bâtiments publics conçus par Ernst Ziller au XIXe siècle. Moins chère que Mykonos ou Santorin, l’île est prisée par les familles et les amateurs d’aventure douce.

Kéa semble donc avoir fait un choix clair : préserver son identité et ses ressources face aux sirènes du développement touristique débridé. Une décision symbolique dans un pays où le tourisme, vital économiquement, doit désormais composer avec les limites écologiques.

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