Lettre de Paris. Sur les Gilets Jaunes | par Danielle Riva

Il est temps qu’ils s’organisent, comme le proposent ceux de Commercy.

Mais ils restent globalement divisés entre :

– Eric Drouet qui veut continuer à occuper la rue et est suivi par bien plus de 350000 personnes,

– ceux qui ont créé un parti ‘les émergents” qui est plutôt dirais-je “folklorique”,

– ceux qui veulent présenter une liste aux européennes, et sont soutenus par Macron car il semblerait qu’une liste GJ sont estimés à 13%.

La république en Marche, pense qu’elle viendrait prendre des voix à la FI et aux républicains et permettrait donc à la liste Macron de rester en tête,

– une petite partie qui participe au “grand débat” organisé par Macron,

– une grande partie des groupes – spontanéistes- qui refusent encore toute structuration à caractère politique et mettent en avant leur nature de “citoyens” en référence à ce qu’ils ont retenu de la Révolution de 1789.

Macron feint de les écouter, mais il ne révisera pas la fiscalité, ne reviendra pas sur l’ISF etc, et toutes les mesures pour plus de démocratie, soit l’ensemble des revendications exprimées par les Gilets Jaunes.

Au contraire le gouvernement a choisi de répondre par la violence, il n’y a jamais eu autant de blessés, ni d’atteintes physiques sur les manifestants, et par la criminalisation des manifestants. D’ailleurs c’est tellement énorme que quelques intellectuels ont engagé une campagne pour demander l’interdiction des armes utilisées par la police et la gendarmerie.

La CGT tente une grève le 5 février soutenue par beaucoup de groupes GJ.  Elle a mis du temps a effectuer une jonction avec cette partie du prolétariat. Car manifester Samedi ou renforcer les ronds points en soirée, démontre bien qu’il s’agit là de salariés avec de petits boulots, des contrats à durée limitée, d'”entrepreneurs individuels” exploités par les plate formes, etc. Mais de salariés qu’elle n’a pas l’habitude d’organiser et qui n’ont que le samedi ou le soir pour se retrouver et qui n’ont jamais pu être contactés par un syndicat sur leur lieux de travail..

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Mais la partie n’est pas gagnée. Même si les Français, et donc les salariés soutiennent les GJ ils ne sont pas prêts pour l’instant à se battre dans leurs entreprises. Le collectif de travail a été destructuré, individualisé par les nouvelles méthodes de gestion des personnels, les lois el Khomry (c’est à dire de Macron ministre de l’économie) ont cassé les protections du code de travail et permettent de contourner les organisations syndicales et la chasse aux délégués est toujours ouvertes et le contrat de travail peut être rompu à tout instant y compris sans indemnisation.

Bref la concurrence est forte entre salariés. Ils ne s’organisent que quand ils apprennent la liquidation ou l’expatriation de leur entreprise.

La FI est traversée par plusieurs courants que JL Mélenchon visiblement n’arrive plus à fédérer. Il y a eu plusieurs exclusions de militants parmi les premiers à se trouver aux côtés de JLM (F. Cocq, Kuzmanobic, comme Souverainistes) décidée par la “cours” autour de JLM comme Bompard, et un courant ultra gauche, proche des thèses indigénistes comme D. Obono. N’étant pas un parti, la formule “mouvement” permet toutes les dérives antidémocratiques. Malgrè les efforts de JLM de se présenter comme leur porte parole, les GJ ne rejoignent pas ses rangs, car ils ne veulent être représentés que par eux-mêmes.

Le Rassemblement National se tait. Mais s’il avait soutenu au début les GJ, il voit bien maintenant que ceux-ci dans leur majorité n’ont que faire de lui. Sauf certains qui pourraient voter RN aux européennes car “c’est moins important”, ou par défiance. Mais le RN ne va pas avoir des scores importants, car les GJ n’ont pas fait de la question de l’immigration une de leur revendication. Il y a beaucoup de jeunes et de moins jeunes venant de l’immigration sur les ronds points, dans les manifestations, et dans les groupes GJ.

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Le gouvernement a choisi de répondre par la violence, il n’y a jamais eu autant de blessés, ni d’atteintes physiques aux manifestants, et par la criminalisation des manifestants. D’ailleurs c’est tellement énorme que quelques intellectuels ont engagé une campagne pour demander l’interdiction des armes utilisées par la police et la gendarmerie.

La situation est bloquée. Or il ne peut y avoir qu’une solution politique. l’Ue pèse sur les choix du gouvernement. Macron peut-il finir son quinquennat ? Il joue le pourrissement et veut attendre les élections européennes pour “assurer” son autorité. Il a aussi les mains liées par l’Ue et surtout par sa volonté d’être le “premier” européen.

Personne ne peut prédire ce qui va arriver. Le mouvement s’éteint de lui-même, lassé par ses actions sans réponses ?

Il se radicalise et veut allez “jusqu’au bout” en destituant Macron ?

Il s’organise au plan politique et se présente aux municipales et régionales pour devenir une nouvelle force politique comme Podemos ou le M5S italien ?

En ce qui concerne les élections européennes,

Je ne vois venir qu’un fort taux d’abstention, non seulement en France, mais aussi en Europe en général. Une Europe déstabilisée par le Brexit, le refus apparent de italiens de continuer l’austérité, une Allemagne avec une Merkel en fin de règne, une Grèce dévitalisée, l’Europe de Visegrade, etc..