Un geste pour le pouvoir d’achat ? La majorité dit déjà non aux gilets jaunes retraités

Par Hervé Nathan

L’Assemblée nationale a voté ce lundi 3 décembre l’adoption définitive du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019. Dans une version inchangée, c’est-à-dire en maintenant la sous-indexation des pensions de retraite. Total : 1,8 milliard d’euros d’économie pour l’Etat.

A quoi voit-on qu’un pouvoir est sourd et aveugle aux protestations ? Réponse : au simple fait qu’il ne change rien à sa politique. Ce lundi 3 décembre, le gouvernement et la majorité LREM à l’Assemblée nationale font la démonstration de cet axiome en adoptant, définitivement mais sans changement, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019 (PLFSS).

Or, le projet de loi contient une mesure qui touche les retraités au portefeuille : la « sous-indexation des pensions ». Concrètement, le texte prévoit de ne revaloriser celles-ci que de 0,3%, quand l’inflation constatée en 2017 avoisine 1,7%. Pour les retraités, la perte de pouvoir d’achat, selon Votre argent et Vous, s’établit entre 500 et 1.500 euros par an, à laquelle il faut ajouter, depuis le 1er janvier dernier, l’augmentation de 1,7 point de la CSG pour tous les retraités touchant plus de 1.200 euros par mois et par personne (voire moins dans le cas des couples).

Presque 2 milliards économisés sur les retraites

Cette disposition qui, à ce niveau de régression, est une première dans l’histoire de la Sécurité sociale française, fait bien entendu partie du « bloc » de revendication des gilets jaunes, qui sont souvent eux-mêmes des retraités. Mais pour le gouvernement, qui s’est par ailleurs engagé à recevoir les délégués du mouvement, il n’y a rien à voir de ce côté. La ministre de la Santé de l’Action sociale, Agnès Buzyn, dit assumer « de consacrer d’abord les moyens de notre solidarité nationale à ceux qui en ont le plus besoin », via le minimum vieillesse ou l’allocation adulte handicapé…

Les moyens dégagés sont effectivement conséquents puisque la sous-indexation représente 1,8 milliard d’euros d’économie pour le budget de la Sécu. Autant de moins, donc, dans le pouvoir d’achat des retraités. Elle permet surtout de réaliser une grossière manipulation comptable. Comme le « trou de la Sécu » est résorbé cette année, le gouvernement, contrairement à l’esprit de la loi Veil, ne compense plus intégralement les allégements de cotisations consentis aux entreprises, sur les heures supplémentaires ou sur le forfait social qui frappait l’intéressement et la participation. Soit une charge de… 2 milliards d’euros retirée au budget de l’Etat !

En théorie, le budget de la Sécu pour 2019 doit être définitivement adopté ce lundi 3 décembre et il sera très difficile d’y revenir, puisqu’il n’existe pas de loi rectificative de financement de la Sécurité sociale. On peut donc considérer que le gouvernement et la majorité ont choisi de ne faire aucun geste d’apaisement envers les retraités. Reste à venir la seconde lecture de la loi de finances 2019 (budget de l’Etat), qui comporte les augmentations de taxe sur les carburants (TICPE, en hausse de 6 centimes pour le gazole) pour lesquelles des députés de la majorité appellent à un moratoire. Pour sa part, le Premier ministre a annoncé le retour d’une « TIPP flottante ». Le Parlement doit se prononcer en deuxième lecture au plus tard le 21 décembre. Le calendrier se resserre !

https://www.marianne.net/societe/gilets-jaunes-retraites-2019-loi-montant

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