Est-ce que la Russie a encore des amis chez les politiques français ?

4 octobre 2022

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-billet-politique/le-billet-politique-du-mardi-04-octobre-2022-8770240

Résumé

À l’Assemblée nationale, le débat sur l’Ukraine a été plus apaisé que prévu. Attaqués par la majorité sur leur position vis-à-vis de la Russie, Le Rassemblement national et la France Insoumise sont restés en retrait.

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Où sont passés les amis de la Russie ? Hier, pendant le débat sur l’Ukraine, Marine Le Pen n’est pas même pas montée à la tribune. Elle a laissé faire un autre député du Rassemblement national, Jérôme Buisson, chargé de répondre aux attaques du gouvernement. La majorité attendait ce débat. Elle voulait ferrailler avec le Rassemblement national et avec la France Insoumise. Élisabeth Borne s’en est chargée. Sans les nommer, elle a fustigé leur “fascination pour l’impérialisme russe “. La Première ministre défend, encore et toujours, les sanctions contre Moscou.

Le Rassemblement national a-t-il répliqué, hier, à l’Assemblée ? À peine. Le débat a été beaucoup moins tendu que prévu. Jérôme Buisson, le député RN, condamne clairement l’agression russe en Ukraine et l’annexion récente de quatre régions. Quant aux sanctions, il estime maintenant qu’elles sont “légitimes”. Pas toutes, bien sûr. Pas celles dans le domaine de l’énergie, qui pénalisent les Français, selon lui, en faisant monter les prix. Sur le fond, la position du parti n’a pas changé, mais le ton est devenu plus modéré. Le Rassemblement national attaque l’Europe, accusée de mal protéger les Français, et le gouvernement accusé de ne pas avoir anticipé la crise. Aucun signe de soutien à la Russie, aucune ébauche de début de justification. Comme si Marine Le Pen n’avait jamais exprimé son admiration pour Vladimir Poutine. Comme si plusieurs élus de son parti n’avaient pas multiplié les voyages en Russie. Comme si le député européen Thierry Mariani n’écrivait pas, chaque jour ou presque, des tweets reprenant les mots et les idées du Kremlin.

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Chez Jean-Luc Mélenchon, l’obsession de l’OTAN

La France Insoumise et le Rassemblement national n’ont pas du tout le même rapport avec la Russie, mais pendant des années, Jean-Luc Mélenchon s’est montré très compréhensif avec Moscou. Quand la Russie a annexé la Crimée, en 2014, il écrivait sur son blog : “La frontière à l’est est à peu près stabilisée, si l’OTAN n’en rajoute pas”. Et aussi : “Bien sûr, la Crimée est perdue pour l’OTAN. Tant mieux”. Dans ces commentaires, vous entendez, chez le fondateur de La France Insoumise, un rejet viscéral, historique, des Etats-Unis et de l’Alliance atlantique. Cette obsession explique, en grande partie, son attitude vis-à-vis de la Russie. Même chose en 2015, quand François Hollande a annulé la vente de deux navires militaires à Moscou, deux navires Mistral, à cause de l’agression russe. Jean-Luc Mélenchon avait protesté, à l’époque, en dénonçant “une faute géopolitique” et “l’alignement atlantiste” de la France.

Hier, à l’Assemblée nationale, rien de tout ça. La cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, a condamné totalement “la guerre d’agression” menée par la Russie, comme Jean-Luc Mélenchon l’avait fait, d’ailleurs, dès le mois de février. Pas de diatribe contre l’OTAN, ni contre les Etats-Unis. Juste un appel à la paix, et à l’organisation d’une conférence de paix. Comme le Rassemblement national, la députée interroge “la pertinence” de certaines sanctions, mais elle n’en fait pas un sujet essentiel. En revanche, Mathilde Panot reproche à Emmanuel Macron de “faire payer aux pauvres l’inflation”, et elle ose un parallèle : “La guerre en Ukraine ne peut servir d’argument pour mener une guerre sociale aux Français”. Une guerre ici et une guerre là-bas, dans la même phrase.

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Le Rassemblement national sur la défensive

Quand il est question de la Russie, pourquoi le ton a-t-il changé ? Parce que la situation elle-même a changé, d’abord. Après sept mois de guerre, Vladimir Poutine est affaibli ; l’aide militaire massive de l’occident produit des résultats ; l’armée ukrainienne gagne du terrain. Et donc en France, les réactions politiques ne sont plus les mêmes. En février, Jean-Luc Mélenchon était convaincu que les Ukrainiens n’avaient pas les moyens de résister à la Russie. Il affirmait : “Tout le monde sait que la guerre est perdue”. Est-ce qu’il le dirait encore aujourd’hui ?

Quant au Rassemblement national, c’est autre chose. Pour le parti de Marine Le Pen, la proximité avec le régime de Vladimir Poutine est devenue un sujet très sensible. Des députés de la majorité réclament en ce moment une commission d’enquête sur d’éventuels financements russes en France, après la révélation d’informations déclassifiées aux Etats-Unis. Le RN est sur la défensive. Il menace d’attaquer tous ceux qui insinuent qu’il y aurait des liens financiers entre Moscou et le parti de Marine Le Pen.

Pour des raisons différentes, avec des histoires différentes, Le Rassemblement national et La France Insoumise, quand ils parlent de la Russie, sont devenus plus prudents.

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