“Acte 6” des “gilets jaunes” : les Versaillais partagés entre enthousiasme et inquiétude

Les commerçants craignent l’effet dissuasif que l’appel à manifester pourrait avoir sur leurs clients pour le dernier samedi d’achats de Noël. 

22/12/2018

Versailles sera-t-il un des théâtres de l’acte 6 de la mobilisation des “gilets jaunes” ? L’État prend en tout cas au sérieux l’appel à se rassembler dans la préfecture des Yvelines samedi 22 décembre : le château est préventivement fermé et les manifestants seront confinés sur une seule avenue de la ville.

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Les Versaillais, eux, semblent partagés entre soutien au mouvement et crainte d’en être une cible. Dans les commerces du centre-ville, on ne parle presque que de ça : “ils ne viennent pas en général à Versailles, bonne chance, il ne faut pas qu’ils arrêtent”, explique Bernardette, retraitée.

Des commerçants plutôt mitigés

Ce n’est pas la seule à soutenir le mouvement. Devant son bar tabac, Philippe, 53 ans, sera aux premières loges samedi. Son établissement donne sur l’avenue où la préfecture a autorisé les gilets jaunes à se rassembler : “S’ils sont là, ça n’est pas pour rien”, affirme-t-il. “Ils ont peut-être raison quelque part, il y a des taxes à tous les étages”. Lui ne manifestera pas.

Je tiens un commerce et c’est délicat de prendre position. Mais si je n’en avais pas, je serais allé avec eux. Et même s’ils me cassent, je les soutiendrais derrière !Philippe, Versaillaisà franceinfo

Une cible potentielle pour contester le système

Dans son magasin d’achat-vente de métaux précieux, Pierric Mutez n’est pas aussi enthousiaste, il n’a pas de rideau métallique et redoute que son commerce soit visé : “Malheureusement évidemment dans l’inconscient collectif, Versailles reste une ville riche bourgeoise, donc une cible potentielle pour contester le système”, déplore-t-il.

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“Il faut bosser maintenant”

Le château est d’ailleurs préventivement fermé samedi, ce qui va sérieusement limiter l’activité touristique. Derrière sa vitrine de montres de luxes et de bijoux, Frédéric Médard aimerait bien siffler la fin de la partie : “Tout le monde a besoin de travailler”, explique-t-il. “Quand une partie va se retrouver au chômage à cause de ce qu’il se passe à gauche et à droite, il y aura eu des acquis mais il va y avoir des retours, et il faudrait commencer à penser aux retours, maintenant. La France au travail, fini, il faut bosser”, affirme-t-il. Plus que les “gilets jaunes” ou certains débordements, ce que redoutent beaucoup de commerçants versaillais, c’est l’effet dissuasif que l’appel à manifester pourrait avoir sur leurs clients en ce dernier samedi d’achats de Noël.

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