Contre-sommet du G7 à Biarritz : sur le web, les nouveaux outils des militants

Treize mille deux cents policiers et gendarmes, une ville sous cloche, des alentours sous haute surveillance… Avec le G7 qui aura lieu à Biarritz du 24 au 26 août, la sécurité est maximale. Pour éviter les contrôles de police, connaître les actions des anti-G7, partager des informations en tout genre… plusieurs moyens numériques – parfois innovants – font partie de la panoplie des militants.

C’est le cas du site MediaManif. Ce “média citoyen” avait été utilisé à petite échelle lors des manifestations des gilets jaunes, en particulier à Paris en décembre et janvier. Mais aussi dans d’autres villes comme Bordeaux ou Lyon.

Le principe : tout un chacun peut signaler sur une carte interactive la présence de forces de l’ordre, de manifestants – avec des précisions sur leur nombre – mais aussi de “dangers” à éviter : gaz lacrymogène, heurts… Des icônes apparaissent alors sur la carte : un gilet jaune, un policier, un panneau danger. Les utilisateurs peuvent confirmer ou infirmer une information qui figure sur la carte et y ajouter des photos.

Les signalements effectués à Bordeaux le 19 janvier, lors de l’acte 10 des gilets jaunes Crédit photo : CAPTURE D’ECRAN MEDIAMANIF

De telles pratiques peuvent-elles poser problème dans la stratégie du maintien de l’ordre ? Contactée, la gendarmerie de Nouvelle Aquitaine a préféré ne pas s’exprimer sur le sujet.

Vidéosurveillance 

Ce site utilise un service de cartographie libre de droit, “OpenStreetMap”. Et se base sur le modèle de Waze, une application GPS de trafic routier qui permet de signaler, outre les bouchons et ralentissements, la présence de policiers sur les routes.

Une fiche pratique à destination des militants circule sur les réseaux sociaux. Le site “G7 Borroka” (pour “combat”) en est à l’origine. Celui-ci partage appels à manifester et aides juridiques. Il mentionne le site “Bayonne sous surveillance”. Ce dernier, lancé en 2013, ferait partie – selon G7 Borroka – des outils “essentiel[s]” de la panoplie des manifestants.

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Projet collaboratif, “Sous surveillance”, recense les caméras de surveillance de plusieurs villes de France, dont Bayonne.

Le site collaboratif recense les caméras de la mairie, mais aussi celles d’établissements privés comme les banques. Crédit photo : CAPTURE D’ECRAN SOUSSURVEILLANCE

“La vidéo-surveillance enregistre nos faits et gestes au quotidien, […] les dispositifs de contrôle ne cessent de s’intensifier et de se perfectionner”, peut-on lire dans la présentation de cet “outil de lutte”. Les internautes peuvent – après inscription – signaler une caméra de surveillance, qu’elle soit publique ou privée. “Sous surveillance” n’a pour l’instant pas répondu à nos sollicitations.

Puisque les cartes interactives sont décidément à la mode, un document sur les conséquences du G7 – “G7aren Kalteak” – est partagé sur les réseaux sociaux. “La carte a circulé par mail, on ne sait pas bien qui l’a créée”, déclare une page Facebook qui partage des informations de médias alternatifs et est suivie par près de 100 000 personnes.

La carte Google My Maps (17 000 vues ce mercredi soir) est très précise : elle met en forme les périmètres des différentes “zones de sécurité” (air, terre, mer), recense les gares et voies fermées ainsi que les opérations anti-G7, et détaille la liste des lieux qui seraient “réquisitionnés” pour l’hébergement des forces de l’ordre.

“Welcome to paradise”

Plus classique, l’utilisation des réseaux sociaux est au cœur de l’organisation des militants. Outre les groupes Facebook créés pour l’occasion – comme “G7 NON C’EST NON” -, et les nombreux lives qui vont relayer les évènements, un hashtag a été lancé en fin de semaine dernière.

#G7WelcomeToParadise a fait son apparition sur Twitter le 17 août, mentionné également sur le site du Borokka avec une série de visuels appelant à une manifestation à Bayonne le 24 août et à Biarritz le 25 août. Le but, “partager les infos et les rassemblements”. La première occurrence sur Twitter vient de “Lille Insurgée”, compte d’”info sur les luttes sociales à Lille”.

La page explique : “le hashtag a été lancé suite à une discussion avec plusieurs médias indépendants faisant partie intégrante du mouvement social. Nous avons été les premiers à tweeter, mais nous ne sommes pas les initiateurs”. Avec ce mot-clef, les militants s’échangent des informations, notamment sur les contrôles de gendarmes :

Les messageries sécurisées font également partie des outils 2.0 utilisés par les militants. Un membre du collectif de gilets jaunes “GJ G7”, qui souhaite rester anonyme, raconte : “pour garder une certaine discrétion vis-à-vis des GAFA et des autorités, on utilise des logiciels libres et cryptés comme Signal ou Silence. Dans le cadre de notre vie privée, mais aussi pour les manifs.”

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Le contre-sommet a commencé officiellement en début de semaine avec une série de débats et de conférences qui vont durer trois jours. Il aura pour point d’orgue la manifestation de ce samedi et des “actions d’occupation” dimanche. Les plateformes organisatrices, G7 EZ ! (G7 NON) et Alternatives G7, se sont engagées à “faire uniquement usage de techniques non violentes et pacifiques“.

https://www.sudouest.fr/2019/08/22/contre-sommet-du-g7-a-biarritz-sur-le-web-les-nouveaux-outils-des-militants-6467482-10685.php